La villégiature élément de création urbaine
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, à l’exemple de l’aristocratie, la grande bourgeoise se met à acquérir des résidences secondaires afin de fuir les nuisances de la capitale. Colombes profite de sa position favorable et de son orientation ainsi que de son caractère encore verdoyant.
De nombreux bourgeois parisiens, dont beaucoup de commerçants, attirés par la proximité de Paris et par le caractère bon marché des terres, achètent des terrains et commencent à construire des villégiatures.
La ville voit ainsi s’ériger de grandes demeures. Villas d’importance et maisons de maître se multiplient. Elles s’implantent non loin des voies de chemins-de-fer, à proximité directe des gares de Bois- Colombes et de Colombes, ou sur des chemins y conduisant comme la rue Félix Faure ou la rue des Lilas dans le quartier des Vallées. Le secteur situé entre la rue Hoche et la rue Victor Hugo est un autre exemple de quartier qui se développe entre maisons de campagne et habitat permanent . Les maisons de l’avenue Anatole France plus tardives, reflètent aussi ce phénomène. Elles sont encore situées le long de la voie de chemin-de-fer, la proximité du train n’étant pas encore perçue comme une nuisance.
Moteur du développement urbain jusque dans les années 1880-90, la résidence de villégiature se transforme peu à peu en résidence principale. Après 1880, l'accélération de l’urbanisation du territoire va de pair avec le développement de l’habitat permanent tandis que la forte croissance économique de la dernière décennie du XIXe siècle favorise le développement urbain. Petite et moyenne bourgeoisies profitent de la division progressive des grandes propriétés pour s'installer aussi en banlieue.
Enfin, au tournant du siècle, la ville développe un tissu d’industries et d’ateliers qui attirent une population ouvrière toujours plus nombreuse, l’accès aux emplois parisiens depuis Colombes étant aisé grâce au train.
Le nombre d’habitants, stable voire décroissant depuis la fin du XVIIIe siècle, est fortement en hausse à partir de 1850. La ville compte environ 1 600 habitants en 1851, plus de 3600 en 1866 et 10 000 en 1881. À l’aube du XXe siècle on y dénombre plus de 23 000 habitants.
L’identité de la banlieue -et c’est particulièrement le cas à Colombes- semble donc se construire dans ces années sur la proximité par rapport à la capitale, tout en privilégiant un mode de vie et un habitat différents. Un article de La construction moderne du 9 novembre 1895 décrit le lotissement de villas conçu par Juste Lisch pour la Compagnie des Chemins-de-fer de l’Ouest en ces termes : « chacune de ces habitations a, bien entendu, son entrée particulière, et la jouissance d’un jardin séparé. Cette disposition est très goûtée des Parisiens qui habitent la banlieue. Ils cherchent à avoir aux environs de Paris une maison où ils soient seuls, et un jardin qui leur donne l’illusion de la campagne ».
Cette vision est illustrée par les cartes postales de cette époque : loin de l’agitation parisienne, voies étroites vides de circulation et maisons avec jardin servent de cadre aux habitants qui posent pour le photographe.