Les incunables
La collection André-Desguine compte 158 éditions incunables. On appelle incunables, du latin incunabula (berceau), les premiers livres imprimés par procédés typographiques : c’est en 1455, à Mayence, que le premier ouvrage imprimé sort des presses de Gutenberg, la date extrême pour qualifier un incunable étant, par convention, l’année 1500. Pour en savoir plus, consulter le dossier Identification d'un incunable

En toute logique, la moitié du fonds des incunables correspond au domaine théologique : une quinzaine de traités de scolastique, des traités de théologie morale plus nombreux encore, 20 ouvrages de patristique, mais seulement 3 Bibles et 2 livres d’heures. 50 incunables sont des textes de philosophie et de littérature, qu’il s’agisse de petits traités de grammaire ou d’œuvres littéraires de l’Antiquité (30 éditions, dont 8 de littérature grecque). L’Histoire comprend 14 éditions parmi lesquelles un exemplaire des célèbres Chroniques de Nuremberg en latin (1493), dont on peut déplorer le caractère lacunaire.
Concernant les provenances géographiques, les éditions germaniques, réparties sur 7 centres typographiques (dont Bâle, Nüremberg, Strasbourg), composent près d’un quart du fonds. Comme pour témoigner de l’antériorité de l’imprimerie dans les pays germaniques, les incunables allemands sont les plus anciens : 70% d’entre eux sont imprimés avant 1490. Augsbourg offre une des plus anciennes éditions, une oeuvre d’Augustin d’Ancône, De Potestate ecclesiastica, imprimée en 1473 par Johann Schüssler. À Cologne, 2 éditions sur 4 datent de 1474, De Senectute de Cicéron (par Johann Guldenschaff) et Sermones discipuli de tempore de Johann Herolt (par Ulrich Zell). Enfin, imprimée à Utrecht autour de 1473, Defensiorum fidei contra Judaeos pourrait constituer une des premières éditions des Pays-Bas.
80 incunables sont des impressions italiennes. L’activité des ateliers d’imprimerie de Venise y domine, suivie par 12 autres centres typographiques comme Milan, Florence et Rome. Les incunables italiens les plus anciens sont justement 2 éditions vénitiennes de 1475, l’une due à Gabriele di Pietro (Saint Augustin, De Civitate Dei), l’autre à Jacques Le Rouge (Bernardo Giustiniani, De Vita beati Laurentii) ; de même, la moitié des éditions milanaises sont antérieures à 1480, dont un Psautier de 1477. C’est aussi parmi les éditions italiennes que l’on trouve les seuls incunables en langue vernaculaire, 7 au total dont une assez rare Legenda aurea de Jacques de Voragine (Bartolomeo Zani, 1490).
La production française est représentée par 33 éditions, essentiellement parisiennes et lyonnaises. Ces impressions sont tardives, puisque les deux tiers datent des années 1495-1500. Martin Huss à Lyon signe l’incunable français le plus ancien de la collection avec l’impression d’un Cato moralisatus autour de 1480 et l’imprimeur Guillaume Balsarin se signale par une édition rarissime de 1487, Summulae logicales du pape Jean XXI.
En effet, le fonds des incunables recèle quelques raretés : près de 20% ne figurent pas dans d'autres collections françaises. Plusieurs éditions françaises, notamment, se révèlent être, au regard des répertoires étrangers et de l’état actuel de l’inventaire français, des unica ; c’est le cas du De Officiis de Cicéron, identifié comme sortant de l’atelier de l’imprimeur dit "de Bricot", qui a produit plusieurs impressions de cette édition pour des libraires différents à leur marque (en particulier pour Pierre Reberget à Lyon), et dont on trouve ici une émission sans marque avec variantes. Une autre impression lyonnaise assez tardive due à Nicolaus Wolff, Figurae Bibliae de Rampegolis, n’est répertoriée nulle part. C’est aussi, pour Paris, 2 petites éditions scolaires attribuées à Antoine Caillaut : les Epistolae d’Horace et un traité d’Ovide De Remedio amoris. Pour une édition des Bucolica de Virgile réalisée par André Bocard, un seul autre exemplaire est localisé, à Charleville-Mézières. Enfin, une édition d’Heures à l’usage de Rome (latin-français), œuvre de Jean Maurand pour Antoine Vérard, est datée du 8 juillet 1495 ; or, tous les bibliographes mentionnent une édition à la même date, mais à l'usage de Paris : autre émission ou erreur d’identification ?
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