L’Abbaye de Saint-Germain-des-Prés, fondée par Childebert 1er, étend son influence sur le village probablement de très longue date, puisque la charte de Louis-le-Débonnaire, fils de Charlemagne, datée de 829, ne fait que confirmer la possession d’ Antoniacum.
L’institution voit encore ses titres renouvelés par une charte de Charles-le-Chauve en 872, tandis qu’en 1042 le roi Henri 1er accorde à l’abbé de Saint-Germain, Aldrade, « un autel dédié en l’honneur de Saint-Saturnin…en la juridiction appelée Antony ». Ces différents privilèges conférés par la Royauté à l'Abbaye montrent à quel point son influence est forte. Les événements vont pourtant menacer son pouvoir à certaines époques. Jalonnée de querelles locales et obérée par des difficultés financières engendrées par les aléas de l'Histoire, l'existence de l'Abbaye est mouvementée, comme l'est celle du bourg.
Ainsi, lors des invasions normandes qui non seulement sévissent à Paris mais ravagent aussi le nord et le sud de la ville, l’Abbaye est ruinée. Cet épisode n’entamera en rien, cependant, sa prospérité ultérieure.
En dépit de ces vicissitudes, l'influence des abbés de Saint-Germain-des-Prés sur la vie du village reste forte. Ceux-ci interviennent ainsi en faveur des serfs d’Antony, contre le seigneur de Massy, Pépinel Garin, lequel abuse de son pouvoir et accable les habitants de taxes. A cette occasion, une requête est présentée au roi Robert-le-Pieux. Ce dernier ordonne un jugement de Dieu qui doit prendre la forme d’un combat en champ clos. Garin ne s’y présente pas et est condamné.
Les années suivantes montrent une succession de différends entre le seigneur voisin et l’Abbaye : en 1030, le même seigneur se rend coupable d’usurpation de propriété envers les moines. Le roi Henri 1er confirme ses possessions à l’Abbaye en 1049. Des points de discorde continueront pourtant d’opposer l’Abbaye à ses adversaires. Ainsi, en 1152, une querelle va s’élever entre les religieux et Etienne de Massy. Pour mettre fin à cette mésentente, on met à nouveau en place un jugement de Dieu. La question est tranchée en faveur des religieux : leur représentant a en effet arraché un œil au champion du seigneur de Massy…
Si l’on en croit l’abbé Lebeuf, ces traditionnelles querelles ne manquent pas de se perpétuer de père en fils. Celui-ci rapporte qu’Hugues de Monceaux, à la tête de l’Abbaye en 1168, « fit renoncer en présence du roi Louis-le-Jeune, Jean de Macy, probablement fils d’Etienne, aux droits qu’il prétendait avoir dans le bois d’Antony ».
En 1248, le rôle joué par les abbés de Saint-Germain-des-Prés s’affirme encore. Thomas de Mauléon affranchit les habitants d’Antony et de Verrières du servage. Ceux-ci doivent néanmoins payer en retour une rente annuelle de cent livres, régler la dîme sur les fours et les moulins banaux au profit des religieux. Ils ont en outre l'obligation d'assurer à ces derniers, ainsi qu’au roi, le devoir de gîte en cas de passage dans leur village.
A la suite de la guerre de Cent ans, aux XIVe et XVe siècles, l’Abbaye est ruinée. Les villes brûlées et dévastées.Les cultures détruites ne permettent plus aux habitants de payer les rentes auxquelles ils sont assujettis envers leur seigneur.
Au XVIe siècle, cependant, l’Abbaye reconstitue son patrimoine. C’est ainsi qu’en 1547, comme le montre un plan terrier, elle détient un tiers du territoire d’Antony. Au siècle suivant, en 1685, elle reprend sa politique d’acquisition et achète notamment le château de Berny, qui deviendra la résidence de campagne des abbés de Saint-Germain-des-Prés.
A la fin du XVIIIe, la vénérable institution possède 42% des terres d’Antony, le château de Berny et ses dépendances, et les trois fermes les plus importantes du village : la ferme de la Redevance (ou de la Recette), la ferme du Pont d’Antony et la ferme de la Croix-Blanche. Sa prospérité est désormais retrouvée. Son heure de gloire est pourtant terminée : ses biens, devenus nationaux, seront vendus à la Révolution et les grandes propriétés qu'elle détenait achetées par la bourgeoisie.