Les Hauts-de-Seine sur deux roues
La bicyclette s’est développée en France à la fin du 19e siècle. Le territoire des Hauts-de-Seine n’a pas été en reste, accueillant de nombreuses usines de cycles, formant ainsi un terreau favorable au développement de l’automobile. Parallèlement, les loisirs liés à la bicyclette ont rapidement marqué l’histoire de notre département.
L’invention de la bicyclette n’est pas française, encore moins alto-séquanaise, mais l’industrie du cycle a été particulièrement florissante sur notre territoire, donnant naissance à de vastes usines, qui elles-mêmes ont servi de terreau à l’industrie automobile.
L’ancêtre du vélo fut inventé en 1817 par le baron allemand de Drais (d’où le nom de draisienne). La naissance réelle de la bicyclette date des années 1860, avec la découverte révolutionnaire des frères Michaux, qui fixèrent un pédalier sur l’axe avant de la roue. Après un détour par le Grand bi, c’est à l’Angleterre que revient vers 1885 la mise au point de la bicyclette avec ses deux roues de diamètre identique et sa transmission par chaîne.
Si la plus célèbre marque française, l’Hirondelle, a été créée au milieu des années 1880 au sein de la Manufacture d’armes et cycles de Saint-Étienne, le territoire des Hauts-de-Seine a accueilli d’importantes entreprises, dont voici les principales :
- Hurtu : entreprise fondée par Auguste Hurtu, installée à Rueil-Malmaison, qui se spécialise dans un premier temps dans la construction de machines à coudre et de machines à écrire. Puis à partir de la fin des années 1880, l’entreprise Hurtu se lance dans la fabrication de bicyclettes, sous l’impulsion de son nouveau directeur, Alexandre Darracq, avant de se lancer à son tour dans la construction automobile. Il est à noter que Darracq créera d’ailleurs dès 1891 sa propre marque, les cycles Gladiator. La marque de cycles Hurtu connaît encore un vif succès jusqu’à la Belle Epoque. La crise des années 1930 l’amène à quitter ses locaux de Rueil-Malmaison, même si la marque continuera à exister jusqu’aux années 1960.
- Cycles Clément : en 1890, Auguste Clément Bayard est le premier constructeur de cycle en France ; il est également associé à Dunlop pour la fourniture de pneumatiques pour cycles et automobiles. Associé à Darracq (marque Gladiator), il se lancera ensuite dans la construction d’automobiles, puis de dirigeables. Il construit à Levallois-Perret « la plus vaste usine du monde » comme il est indiqué sur une affiche publicitaire.
- Alcyon : fondée en 1902 à Neuilly-sur-Seine, par Edmond Gentil, cette usine construit des bicyclettes peintes en bleu azur, « légères, gracieuses et solides ». Cette société fabrique également des motocycles avant de se tourner dès 1906 vers l’automobile. C’est sur un cycle Alcyon que François Faber, de Colombes, remporte le Tour de France 1909 !
Nous pouvons également citer Griffon (Courbevoie), ou De Dion Bouton (Puteaux), surtout connue pour ses automobiles, mais qui a également construit des cycles, probablement à partir de 1909.
Ce développement de l’industrie du cycle accompagne l’essor du cyclisme en qualité de loisir, ou de sport.
Ainsi, pour accueillir des courses de fond ou de vitesse, trois vélodromes sont créés sur le territoire des Hauts-de-Seine. Le premier est construit à Courbevoie en 1891, puis le vélodrome Buffalo à Neuilly en 1892, et enfin le vélodrome de la Seine à Levallois en 1893. Le vélodrome Buffalo (qui tire son nom de Buffalo Bill, le célèbre cow-boy qui avait installé son spectacle itinérant sur le terrain où a ensuite été construit le vélodrome), a été déplacé à Montrouge dans les années 1920, mais a vu l’établissement du premier record de l’heure en 1893 par Henri Desgranges, futur créateur du Tour de France (35,325 km parcourus).
Il est à signaler que le 1er Tour de France cycliste, organisé en 1903 et remporté par Maurice Garin, voit sa dernière étape s’achever à Ville-d’Avray, (le préfet Lépine ayant interdit les courses cyclistes dans Paris) le parcours conduisant néanmoins ensuite le peloton jusqu’au Parc des Princes pour la cérémonie protocolaire.