Les domaines nobiliaires de l'Ancien Régime
Les XVIIe et XVIIIe siècles ont vu le développement, à Colombes, de grandes propriétés nobiliaires donnant lieu à la création de jardins en terrasses que l’on peut voir sur les plans anciens.
Au moins six grands domaines sont recensés à partir du milieu ou de la fin du XVIIe siècle. De tracé sans doute antérieur, ils enserrent la ville à la veille de la Révolution, comme en témoigne le plan-masse de Colombes en date de 1780. Ces domaines changent fréquemment de propriétaires, mais leur limites physiques évoluent peu jusqu’en 1850.
Tous ces domaines ont aujourd’hui disparu. Le seul vestige qui soit parvenu jusqu’à nous est l’hôtel Courtanvaux situé rue Saint-Denis. Néanmoins, quelques rues de la ville s’inscrivent dans le dessin des anciennes allées de ces domaines. Au sud de la rue Saint-Denis, la rue Halphen, la rue Bouin, la rue Lamartine et - peut-être - l’avenue Deloffre sont dans ce cas. Au nord de la rue Saint-Denis, la rue Desmont-Dupont, prolongeant la rue des Glycines, et la rue de la Concorde sont proches des allées d’origine. Enfin, la rue Léon Renault et la rue Labouret sont parallèles aux anciennes allées.
Les deux domaines de la Reine Henriette-Marie
Les plus connus de ces domaines nobiliaires sont ceux de la reine Henriette-Marie, fille d’Henri IV et tante de Louis XIV. Elle est l’épouse du roi Charles Ier d’Angleterre, décapité en 1649 par Cromwell. Réfugiée en France, elle s’installe en 1657 à Colombes. En 1660 son fils Charles II est proclamé roi d’Angleterre. A partir de cette date, Colombes devient un lieu important sur le plan politique.
Le premier domaine que la reine acquiert en 1657 se situait à l’ouest de la ville, dans l’axe de la rue Saint-Denis. Il comprenait une vaste maison de campagne dotée de parcs et jardins qui s’étendaient jusqu’aux actuelles rues Ambroise-Paré à l’ouest et Pierre de Coubertin au nord. L’actuel square Edgar Quinet occupe un ancien fragment du parc.
Il ne reste plus aucune trace de cette propriété, qui fut détruite au XIXe siècle sans qu’aucune gravure la représentant n’ait été identifiée à ce jour.
Les plans du XVIIe et XVIIIe siècles donnent toutefois un aperçu de ce qu’était la propriété et des évolutions qu’elle a connues. L’aile principale du château fait face côté jardin à une terrasse dotée d’un bassin central. Côté cour figure une demi-rotonde qui n’existait pas au XVIIe siècle.
Le second domaine acquis par la reine se trouvait au nord de la rue Saint-Denis, entre la rue Paul Bert et la rue Thomas d’Orléans. Ce domaine, dit du « Petit château d’en bas », eut comme premier propriétaire connu Jacques II Ricouart, seigneur d’Hérouville. Il fut acquis par la reine Henriette en 1662, permettant ainsi de doubler la superficie de son domaine. Sur le plan de 1780 apparaît une rue royale entre les deux domaines.
Le choix de Colombes par la reine Henriette-Marie est probablement dû à sa situation géographique au nord-ouest de Paris. Le lieu donnait accès à la route de Dieppe qui était à l’époque un port d’embarquement pour l’Angleterre. Henriette-Marie était également la belle-mère de Guillaume II prince d’Orange qui dirigeait les Provinces-Unies au moment de leur accession à l’indépendance (Pays-Bas). De par son rang et ses liens familiaux, la reine Henriette-Marie joua un rôle dans les négociations entre les trois pays lors des guerres anglo-néerlandaises. Son action diplomatique contribua à la signature de la paix de Breda en 1667. Le traité restitua à la France l’Arcadie, en plus de la Guyane que Louis XIV se vit aussi accorder.
Un dernier témoin : l’hôtel Courtanvaux
On peut apercevoir le seul édifice nobiliaire encore existant à Colombes au numéro 26 de la rue Saint-Denis. Il s’agit de l’ancien hôtel du marquis de Courtanvaux, scientifique du siècle des Lumières et passionné d’astronomie.
L’édifice a été profondément transformé dans les années 1950, si bien que le bâtiment actuel n’entretient plus qu’une lointaine ressemblance avec la propriété d’origine, autrefois installée sur un domaine qui occupait une large part du nord-est de la ville. Un revêtement moderne recouvre aujourd’hui la pierre de taille et les décorations qui ornaient la façade ont été retirées.


