Le 18 brumaire à Saint-Cloud
Après les campagnes d’Italie et d’Égypte, Saint-Cloud est le cadre du 3e acte de l’irrésistible ascension de Napoléon Bonaparte vers le pouvoir. C’est effet au château de Saint-Cloud qu’eut lieu le coup d’État des 18 et 19 Brumaire an VIII.
En 1799, le pouvoir exécutif est constitué d’un Directoire de cinq membres (Barras, Ducos, Gohier, Moulin et Sieyès) et le pouvoir législatif confié à deux assemblées : le Conseil des Cinq-Cents et le Conseil des Anciens. Le régime vit au rythme chaotique des tentatives de coup d’État.
Pour mettre fin à cette crise et passer outre une révision de la Constitution rendue quasi impossible, un mouvement à la tête duquel se trouve Sieyès se constitue afin de réaliser un coup d’État strictement politique afin de donner plus de pouvoir à l’exécutif. Sieyès cherche un général populaire pour l’épauler dans cette action et se tourne vers Napoléon Bonaparte, auréolé de prestige depuis son récent retour d’Égypte.
Pour préserver les apparences de la légalité, un complot anarchiste est prétexté afin de faire voter, le 18 Brumaire aux Tuileries, par le Conseil des Anciens, le transfert des deux assemblées à Saint-Cloud - loin des parisiens et d’un éventuel soulèvement populaire - et la nomination de Bonaparte comme commandant en chef des troupes de Paris.
Gohier et Moulin mis sous la garde du général Moreau, Barras, Sieyès et Ducos démissionnent, mettant ainsi fin au Directoire.
Le 19 Brumaire, les Anciens tiennent séance dans la galerie d’Apollon au château de Saint-Cloud, pendant que les Cinq-Cents se retrouvent dans l’Orangerie sous la présidence de Lucien Bonaparte.
Devant le mauvais accueil de son discours auprès des Anciens, Bonaparte se présente devant l’autre assemblée. Ses propos menaçants lui valent une demande d’être mis en « hors-la-loi ». Il est évacué de la salle mais Lucien retarde le vote en déposant ses insignes puis en quittant la tribune.
A l’extérieur, le bruit court que Bonaparte a failli être assassiné, Lucien harangue les gardes des assemblées puis Bonaparte ordonne aux grenadiers d’investir l’Orangerie. Les conseillers s’enfuient par les portes-fenêtres dans les jardins du château. Mais pour sauver un semblant de légalité, il faut en rattraper un certain nombre qui se sont égaillés dans le parc, dans les cafés et les guinguettes de Saint-Cloud afin qu’ils votent les textes qui leur sont alors soumis.
Le Directoire est remplacé par un Consulat provisoire constitué de Bonaparte, Sieyès et Ducos. Deux commissions sont créées pour préparer une nouvelle Constitution.
Le château de Saint-Cloud est ainsi le témoin de la fin de la Révolution.