Palloy, le démolisseur de la Bastille
Pierre-François Palloy est un curieux personnage ; du 15 juillet 1789 à sa mort à Sceaux le 19 janvier 1835, il s'ingénie à faire parler de lui et de ses entreprises à tel point qu'on peut voir en lui un génie de la publicité et des relations publiques, mettant en valeur ses faits et gestes qui ne furent en vérité que peu de choses.
Dès le 15 juillet 1789, les Parisiens décident de faire disparaître la forteresse royale de la Bastille. De sa propre initiative, Pierre-François Palloy (Paris, 1755 - Sceaux, 1835) entrepreneur en bâtiment, fait venir 200 ouvriers et des outils, qui donnent les premiers coups de pioches. Le soir, ils sont 800 ouvriers.
Le 16 juillet, un comité de quatre architectes est désigné pour surveiller les travaux qui sont confiés à cinq entrepreneurs dont Palloy pour la maçonnerie.
Il faut moins de deux ans pour faire disparaître la prison.
Palloy est aussi un garde national de la première heure, gagné aux idées de la réforme modérée, il semblerait qu’il ait participé à la prise de la Bastille.
Précurseur, Palloy sait faire sa publicité : il distribue des plans de la forteresse gravés sur des pierres de celle-ci ainsi que des médailles commémoratives en tous genres frappées dans les ferrures, il fait confectionner nombre d’objets souvenir, bijoux, tabatières, encriers, etc.
En septembre 1790, les ouvriers de la démolition offrent à l’Assemblée une réduction de la Bastille sculptée dans l’une de ses pierres. Palloy en fait porter par la suite dans tous les chefs lieux des départements où une réception solennelle est organisée pour la remise de ces souvenirs symboliques.
A partir de 1790, il se lance également dans la mise en scène de fêtes publiques assez fastueuses à Paris puis à Sceaux. Il y possède depuis 1781 une maison, 37 rue des imbergères, dont la construction est achevée avec des pierres de la Bastille.
Grâce à un décret de juin 1792, il obtient de l’Assemblée nationale, un terrain pour « l’établissement d’un monument sur la place de la Bastille ». Cette colonne de Palloy ne vit jamais le jour tout comme le terrain ne lui fut jamais donné.
Au lendemain du 10 août 1792, il est chargé de faire disparaître les emblèmes de la royauté que l’on trouve partout dans Paris : statues des rois, fleurs de lys, etc…
Il s’occupe aussi des travaux de fortification du donjon du Temple pour y accueillir la famille royale.
Mais il est incarcéré quelques semaines en 1793, soupçonné de s’être enrichi avec la démolition de la Bastille, alors que ses libéralités ont mis en faillite son entreprise autrefois prospère.
Libéré, il est élu président de la jeune Société populaire de Sceaux où il se retire. Il ne se fait pas oublier pour autant : il fait paraître nombre de lettres, libelles, couplets et refrains adaptés aux circonstances politiques et toujours signés « Palloy, patriote », essayant ainsi de se rallier à tous les régimes successifs, les flattant et adressant ses compliments au Premier consul, à l’Empereur, à Louis XVIII, etc… sans jamais réussir à rentrer en grâce.
A avoir des opinions changeantes, on ne satisfait personne et on s’expose à être accusés de tous les cotés. Il termine sa vie dans le besoin et meurt à sceaux le 20 janvier 1835, au lendemain de sa femme. Ils sont inscrits l’un en dessous de l’autre sur le registre des décès.
Palloy et la Révolution
