Arrestation et mort de Condorcet
Condorcet, député et philosophe reconnu comme l’héritier des penseurs du XVIIIe siècle, est néanmoins contraint à vivre dans la clandestinité à partir de 1793. Il est arrêté à Clamart et meurt à Bourg-la-Reine (Bourg-l’Égalité) en mars 1794.

Après la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, Marie Jean Antoine Caritat, marquis de Condorcet (1743-1794), mathématicien, philosophe et économiste, devient député à l’Assemblée législative en 1791 puis à la Convention nationale en 1792.
Après l’exécution Louis XVI le 21 janvier 1793, la Convention se trouve confrontée à de multiples périls : à l’intérieur, le début de l’insurrection vendéenne et la crise économique, à l’extérieur, la guerre avec les nations coalisées contre la république. Elle vote alors au printemps une série de lois qui annoncent la Terreur et le 2 juin 1793 vingt-neuf députés girondins amis de Condorcet et deux ministres, qui s’opposent de plus en plus violemment au parti de la Montagne, sont mis hors-la-loi.
Condorcet ne tarde pas quant à lui à être proscrit et le 9 juillet il quitte son domicile pour mener durant 8 mois une vie clandestine, sous le nom de Pierre Simon.
Le 25 mars 1794, sale, mal rasé, vêtu de méchants habits, il vient frapper à la porte de son ami l’écrivain et journaliste Jean-Baptiste Suard à Fontenay-aux-Roses. Ce dernier étant absent le fugitif revient le lendemain et trouve enfin son ami qui le nourrit, lui donne du linge pour panser sa jambe blessée et du tabac mais ne le garde pas, étant lui-même suspect. Il lui propose cependant d’essayer de lui procurer un passeport et de revenir le soir même.
Condorcet repart vers onze heures du matin vers Clamart où, épuisé il entre à l’auberge Crespinet, rue Chefdeville. Il s’attable, commande une omelette, mais à la question de la servante : De combien d’œufs ?…il aurait répondu : douze. Sa réponse va alors précipiter sa perte.
Arrêté et interrogé, il déclare s’appeler Pierre Simon et avoir été valet de chambre chez Trudaine. Ne pouvant produire de papiers ni de certificat de civisme, il est écroué à la prison du district, à Bourg-la-Reine, le 27 mars 1794. On ne lui donne, semble-t-il, ni à boire ni à manger et le surlendemain, on l’y trouve mort.
On prétendra qu’il s’est empoisonné avec une substance contenue dans le chaton de sa bague. En réalité, il semble plus probable que le savant a succombé à une attaque d’apoplexie. L’acte de décès est dressé le lendemain 10 germinal an II (30 mars) à la mairie de Bourg-la-Reine, sous le nom de Pierre Simon.
Ses cendres sont transférées au Panthéon en 1989.

