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bio
andré vauchez
Professeur émérite d’histoire du Moyen
Âge à l’université Paris X-Nanterre,
membre de l’Institut, Visiting fellow à
l’Institute for Advanced Study de Prince-
ton, André Vauchez a fait sa thèse de
doctorat sur la sainteté au Moyen Âge
entre le xiie et le xve siècle. De EKKH à
FDDG, il est directeur de l’École française
de Rome et travaille dans ce cadre aux
archives et à la bibliothèque du Vatican.
Il rédige François d’Assise entre histoire
et mémoire (Fayard) de FDDH à FDDJ.
Depuis, il a dirigé deux ouvrages
collectifs : le Dictionnaire des temps,
des lieux et des figures (Seuil) et Rome
au Moyen Âge (Riveneuve). Actuellement
il prépare un ouvrage collectif sur
l’histoire du prophétisme depuis l’Ancien
Testament jusqu’aux prophètes d’hier.
à savoir
Créé par le conseil général
des Hauts-de-Seine dès l’ouverture
de la Maison de Chateaubriand au public,
en EKJI, le Prix Chateaubriand récompense
chaque année une œuvre de recherche
historique ou d’histoire littéraire, une
édition critique substantielle, ou encore une
fiction fondée sur des travaux historiques.
Doté par le conseil général de EHDDD euros,
il est remis à l'automne, traditionnellement le
troisième mercredi de novembre. Son jury,
présidé par Marc Fumaroli, de l’Académie
française, est composé de Colette Beaune,
professeur d’histoire médiévale à
l’Université de Nanterre, Lucien Bély,
professeur d’histoire moderne, Jean-Claude
Berchet, professeur honoraire à l’Université
de Paris III, Simone Bertière, historienne,
Alain Besançon, de l’Institut, Gabriel de
Broglie, de l’Académie française, Françoise
Chandernagor, de l’Académie Goncourt,
Benedetta Craveri d’Aboville, historienne,
Jean Leclant, secrétaire perpétuel de
l’Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres, Jean d’Ormesson, de l’Académie
française, Mona Ozouf, directeur de
recherche émérite au CNRS, Jean Tulard,
de l’Institut, Michel Zink, de l’Institut.
le Prix chateaubriand
extraits
« François est à présent tellement
connu– bienoumal,le problème n’est
pas là – qu’il a fini par constituer un
élément de la culture occidentale et
que, depuis quelques décennies, on le
prend à témoin, ou comme caution,
dans beaucoup de domaines où l’on
ne s’attendrait pas forcément à le ren-
contrer. (…) Le Pauvre d’Assise est de-
venu aujourd’hui un «mythe faible »,
une figure à la fois omniprésente et
floue qui oscille entre plusieurs
images en fonction des aspirations et
des inquiétudes qui traversent notre
siècle. (…) Depuis le
XIX
e
siècle, on a
souvent fait de François, qui avait été
à l’origine d’unmouvement laïc d’ins-
piration populaire et de confréries
regroupant des hommes et des
femmes vivant dans le monde, le
symbole d’une fraternisation entre
les classes sociales et l’instrument
d’une régénération de la société chré-
tienne rongée par l’individualisme
et l’argent. »
*
« La difficulté que nous avons à saisir
la figure de François dans sa réalité
historique tient dans une large me-
sure au fait que son expérience reli-
gieuse a été souvent présentée
comme la reproduction pure et sim-
ple de celle de Jésus,comme l’indique
le titre d’alter Christus (« second
Christ ») qui lui a été accordé par di-
vers auteurs à partir de la fin du
XIII
e
siècle. Or la figure même du Christ,
telle qu’elle se dégage des Évangiles,
n’est rien moins qu’univoque et elle
varie sensiblement selon que l’on se
place du point de vue deMatthieu ou
de Jean. François d’Assise a certes
cherché à « suivre les traces » de Jésus
deNazareth (…),mais il a effectué des
choix entre les diverses images de ce
Christ qu’il avait placé au cœur de son
existence. Disons, pour faire bref, qu’il
a donné de la vie de ce dernier une in-
terprétation d’autant plus radicale
qu’elle était le fait d’un laïc dont l’es-
prit n’était pas encombré par des
formulations doctrinales ou par l’in-
fluence de courants philosophiques.
Relisant l’Évangile à la lumière de son
expérience personnelle et de sa cul-
ture citadine et chevaleresque, Fran-
çois a choisi de suivre un Christ
pauvre etmendiant, toujours en che-
min et partageant avec lesmarginaux
la précarité de leurs conditions de vie,
et d’adorer un Dieu plein de courtoi-
sie qui fait briller le soleil et tomber la
pluie aussi bien sur les justes que sur
les méchants. Ce faisant, il ne repro-
duisait pas un modèle : il l’inventait
en fonction de sa sensibilité person-
nelle, qui était vive, ce qui fait son
originalité. »
© CGKF/Olivier Ravoire
Buste de
Chateaubriand
remis au lauréat.
André Vauchez
chez lui, le EJ novembre,
lendemain de son Prix :
« François d’Assise
est
le livre d’une vie
».
© CGKF/Olivier Ravoire