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la marquise, le domaine est le théâtre
d’intrigues et de complots internatio-
naux. C’est là qu’ont lieu en 1756 les
pourparlers secrets entre la France et
l’Autriche à l’origine de la guerre de
Sept Ans. À lamort de Louis xV, le do-
maine reviendra à ses filles, Mes-
damesAdélaïde,Victoire et Sophie, qui
s’y abriteront pendant la Révolution.
enfin, le pavillonque LouisxV fait réa-
liser vers 1750 pour une autre de ses
maîtresses, M
me
de Coislin, dans l’ac-
tuel parc de Brimborion, présente un
caractère semblable
: là aussi, art des
jardins, architecture, politique et
passions amoureuses s’entremêlent
savamment.
VoYaGe dans le paYsaGe
Suivre l’histoiredes grands parcsduVal
de Seine, c’est assister à l’évolution de
l’art des jardins français sur trois siècles.
Cette histoire commence à la Renais-
sance, dans le parc de Meudon. Il ne
reste aucune trace des aménagements
paysagers les plus anciens voulus par
Guise dans les années 1550. L’ouvrage
le plus célèbre à l’époque, chanté entre
autres par Pierre de Ronsard, était la
grotte dessinée par le Primatice, qui
disparaîtra au
xVII
e
siècle pour faire
place au Château Neuf. Composée,
comme l’exigeait la mode des jardins
maniéristes, de coquillages, de ro-
cailles et de coraux, elle rivalisait avec
les autres grottes de l’époque, notam-
ment celle de Fontainebleau et celle
des tuileries. on dispose également
de peu de données sur le jardin italia-
nisant queGondi fait aménager à la fin
xvi
e
siècle dans le domaine de Saint-
Cloud et qui, épousant lamorphologie
très irrégulière du terrain, s’étendait
sur plusieurs terrassements et était ré-
puté pour ses statues, ses nombreuses
fontaines et, bien entendu, ses grottes.
C’est au
xVII
e
siècle que commence
l’âge d’or des jardins qui nous intéres-
sent. À cette époque, le val de Seine de-
vient un véritable laboratoire qui
contribuera demanière décisive à l’éla-
boration du style «
à la française ».
tous les grands jardiniers, architectes,
ingénieurs hydrauliques et sculpteurs
duGrand Siècle sont présents, notam-
ment Le Nôtre, Hardouin-Mansart et
Le Vau, que l’on retrouve également
dans les autres domaines de l’époque,
en particulier à Versailles. C’est André
Le Nôtre qui a le plus marqué l’évolu-
tion et la mémoire des domaines du
val de Seine.trois des jardins que nous
avons évoqués lui sont attribués, Issy,
Meudon et Saint-Cloud, bien que son
intervention ne soit attestée que pour
les deux derniers sites. Meudon et
Saint-Cloud illustrent admirablement
l’art et le génie de Le Nôtre. Dans le
premier, l’architecte-jardinier réalise,
entre autres, la grande percée qui s’al-
longe vers le sud. Aujourd’hui encore
elle étonne par sa monumentalité et
par la finesse avec laquelle lesmouve-
ments de terrain ont été travaillés.
Mais c’est à Saint-Cloud que Le Nôtre
réalise l’un de ses chefs-d’œuvre. Ici, le
jardinier du Roy, qui réaménage le
parc à la demande de Monsieur, est
© RMN (Château de Versailles) / Gérard Blot
Vue de la Grande
Cascade,
des parterres
et du château
de Saint-Cloud
prise de la Seine
avant BFGB.
Peinture d'Adam
Frans Van der
Meulen.
Huile sur toile,
Dim. : B.HAA m. x
C.CDA m.
Châteaux de
Versailles et de
Trianon
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