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teau, engloutis dans un espace urbain
dépourvu de rapport avec le paysage.
Certains éléments subsistants du parc
de Bellevue, notamment la glacière, se
trouvent éparpillés dans des parcelles
privées de Meudon, inaccessibles au
public. Le jardindu domaine d’Issy, ré-
aménagé selon le style « à l’anglaise »,
a été en partie transformé en parcmu-
nicipal. D’autres jardins, comme Brim-
borion, ont acquis ce rôle nouveau
d’espace de loisirs pour le grand public,
ce qui a permis de protéger de l’urba-
nisation quelques-uns de ses aména-
gements anciens, dont une terrasse au
dessin très harmonieux. et il arrive,
lorsque nous nous promenons dans
les rues du val de Seine, de rencontrer
un ancien portail, ou l’imposant mur
de soutènement d’une terrasse, ou en-
core un belvédère ouvrant soudaine-
ment des vues sur la Seine. Nous nous
surprenons alors à songer à tout ce qui
a disparu avec les grands jardins du val
de Seine, et notamment cette capacité
qui, comme l’a écrit Hölderlin, carac-
térise l’homme : celle d’habiter le
monde en poète. Ces vestiges possè-
dent donc une valeur inestimable. Ils
sont les dépositaires de l’esprit des
grands domaines du val de Seine. et
ils prennent aujourd’hui une impor-
tance nouvelle, à un moment clé de
l’histoire du territoire. Les différents
projets d’aménagement, celui des
berges de Seine, celui qui investit les
anciens terrains Renault à Boulogne-
Billancourt, sauront-ils renouer le fil
interrompu du passé ? Le val de Seine
redeviendra-t-il un laboratoire où
s’élaborent des formes paysagères
nouvelles, une approche contempo-
raine de la nature, un rapport nouveau
à l’espace et, partant, aumonde ?
n
Dans le parc
d'Issy-les-
Moulineaux.
Peinture de
Prosper Galerne.
Huile sur toile.
Dim. : A,DAE m x
A,EF m
© Pascal Lemaître/Musée de l’Ile-de-France