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Vue du château
de Meudon du
côté du jardin
appartenant
au marquis
de Louvois.
Gravure d'Israël
Silvestre, vers
BFHE.
Musée d’art et
d’histoire de la
ville de Meudon.
orsqu’on regarde les plans
anciens duVal de Seine, on
est frappé par le nombre de
parcs princiers présents sur
ce territoire, tous tournés
vers la grande boucle que
dessine le fleuve à la sortie de Paris.
Créés entre le
xVI
e
et le
xIx
e
siècle, ils for-
ment un véritable réseau grâce aux
allées bordées d’arbres qui les relient
entre eux.
Le premier grand parc que l’on ren-
contre est celui du domaine d’Issy, sur
les hauteurs de la ville, autrefois en-
touré de champs et ouvert sur le pay-
sage. Plus à l’ouest, le
parc deMeudon
s’allonge sur un axe de plusieurs kilo-
mètres. Partant de l’actuelle allée du
Château, il se poursuit avec la grande
terrasse, le ChâteauVieux, aujourd’hui
disparu, et la grande percée qui des-
cend vers la vallée pour remonter sur
la colline en face, au Petit Clamart.
Dans l’autre direction, l’allée du Châ-
teaumène à
Bellevue
, où l’un des plus
riches jardins du
xVIII
e
descendait par
étagements jusqu’aux berges de Seine.
en continuant vers le nord, le jardinde
Brimborion
, à Sèvres, occupe encore
aujourd’hui une colline escarpée et
densément boisée. Plus au Nord
encore, enfin, le
parc de Saint-Cloud
offre, avec sa majestueuse cascade
reliant le fleuve au sommet des co-
teaux, l’une des vues les plus spectacu-
laires du paysage de la Seine en Île-de-
France.
Ces parcs princiers nous parlent d’une
époque de fêtes somptueuses, d’in-
trigues politiques et amoureuses,
d’hommes et de femmes de pouvoir
possédés par une passion pour la
beauté qui les poussa à embellir sans
cesse leurs jardins, en faisant recours
aux meilleurs artistes de leur temps.
Issus d’une vision commune du
monde et de la nature, d’aspirations
esthétiques et politiques très proches,
ces jardins partagent un
genius loci
.
on l’entrevoit parfois, et l’on en sent
encore la présence,malgré les destruc-
tions dues aux guerres, à l’incurie ou
aux projets urbanistiques souvent dé-
vastateurs du
xx
e
siècle, lorsque l’on se
fait promeneur le long des allées plan-
tées qui subsistent dans ces domaines,
assis près d’un bassin d’eau dormante
ou accoudé à une des grandes ter-
rasses devant des vues panoramiques
uniques. Mais ce
genius loci
ne peut
être appréhendé, comme nous tente-
rons de le faire dans les pages qui sui-
vent, qu’à l’échelle du territoire, de sa
morphologie, de sa géographie, de son
histoire.
entre ciel et terre
en parlant des domaines du Val de
Seine, on évoque parfois la touraine,
avec ses châteaux et ses jardins Renais-
sance qui jalonnent le parcours de la
Loire. De par leur concentration sur un
territoire somme toute assez restreint,
ces sites évoquent aussi les collines
couvertes de villas et de jardins en
terrasses des environs de Rome et de
Florence représentées dans les gra-
vures du
xVII
e
siècle.
À l’époque où le Val de Seine com-
mence à se couvrir de domaines prin-
ciers, l’idéal romain de la
villa rustica
est encore puissant. Pour les Romains,
la villa à la campagne était le lieu dédié
à la production agricole mais aussi à
l’otium
, apanage, selon Sénèque, de
l’homme libre. Loinde la ville et du
ne-
gotium
, de la politique, des intrigues et
des distractions quotidiennes, le sei-
gneur pouvait se consacrer à la vie
contemplative, à l’étude et à la philo-
sophie. Cet idéal réapparaît à la Renais-
sance et explique en partie la prolifé-
ration de maisons de plaisance et de
jardins aménagés pour des princes ou
de riches commerçants sur les collines
environnant les grands centres
urbains. Leur position en hauteur
permettait d’échapper à la chaleur
Ces sites évoquent
les collines couvertes
de villas et de jardins
en terrasses des environs
de Rome et de Florence
représentées dans
les gravures du
XVII
e
siècle. »
l
© Meudon. Musée d’art et d’histoire
Le parc de Saint-Cloud
aujourd’hui. Du jardin
du Trocadéro à l’allée
du Fer à cheval.
«
