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désintérêt des professeurs et des compagnies théâtrales
qui refusaient de se produire « à la chaîne » devant un
public plus enclin à chahuter qu'à rencontrer l'art.
Mais l’étape était nécessaire pour passer de l’artifice à l’art.
Anne France-Lanord, alors directeur de l’Association dé-
partementale d’action culturelle (Adac) se souvient :
« Les
chapiteaux dressés aux quatre coins du 92, les déferlantes
d’écoliers que les autobus affrétés par le conseil général ame-
naient par groupe de 500…Nous étions des pionniers. Avec
tout ce que cela suppose de folklore, bien sûr. Mais, à l’échelle
d’un département, cette opération n’avait pas d’équivalent en
France. »
À l'orée des années 90, Jeux de Scène est né.
Un dispositif qui améliore grandement la rencontre en
suscitant chez l'élève une vraie attente et qui estmené en
partenariat avec les théâtres alto-séquanais et quelques
lieux parisiens.
Afin d'assurer une rencontre réussie, Jeux de Scène pro-
posait une formule novatrice, luttant point par point
contre ce qui avait provoqué le bilan mitigé du Festival
de Théâtre pour les scolaires.
−Afin d'éviter que le public ne soit uniquement composé
d'élèves, les représentations proposées sont uniquement
des représentations tout-public en soirée.
© Philippe Cibille
−Afin de s'assurer que les professeurs choisissent réelle-
ment le spectacle qui s'intègre au mieux dans leur
progression pédagogique et non le plus facile d'accès,
(donc le moins éloigné du collège), les transports aller-
retour entre l'établissement et le théâtre sont pris en
charge par le conseil général des Hauts-de-Seine.
− Afin de susciter l'intérêt des élèves, une rencontre de
trois heures, au collège dans la classe, avec un membre
de l'équipe artistique (metteur en scène, comédien...) dont
une heure obligatoire (sur le temps scolaire) avant la
venue au théâtre est également prise en charge par le
conseil général des Hauts-de-Seine.
Pour cette nouvelle proposition, près de quarante spec-
tacles étalés sur l'année scolaire, majoritairement des
œuvres classiques, étaient proposés aux professeurs.
Au fil du temps, l'offre qui était faite aux lycéens et aux
collégiens s'est recentrée sur les collégiens et seuls les
théâtres des Hauts-de-Seine ont pu participer.
Depuis 1983, ce sont plus de 203 000 élèves qui ont as-
sisté à un spectacle dans le cadre de Jeux de Scène. Pour
une grandemajorité cette sortie a été leur première ren-
contre avec le spectacle vivant.
Témoignage de Sophie Van Roekeghem,
© Eric Didym
Invasion!
de Jonas
Hassen, mise en
scène de Michel
Didym.
Théâtre >: à Malakoff
les =,?, :< et :=
mars prochains.
Bach en Balles
d’Eric
Bellocq et Vincent
de Lavenère,
compagnie Chant
de Balles.
Novembre ;9::
à Châtillon.
92
Politique culturelle
professeur de lettres au groupe scolaire Sophie-Barat
de Châtenay-Malabry, collège privé sous contrat
« Cet engagement se double d'une politique rigoureuse de
suivi des projets qui nécessite un investissement important
des équipes qui les mettent en place et des enseignants qui les
suivent, mais permettent aux élèves qui en bénéficient d'ac-
quérir des compétences essentielles pour réussir dans leur
future vie personnelle, professionnelle et citoyenne. »
Pédagogie de la rencontre
La rencontre au collège, avant et après le spectacle, est
pour beaucoup dans le grand succès de ce dispositif.
En cassant la dualité professeur / élèves, l'intervention du
metteur en scène oud'un comédien apporte dans la classe
une parole qui n'est pas professorale, celle d'un artiste
désireux de faire partager la démarche créative.
Le but de cette rencontre, avant le spectacle, n'est pas de
présenter la biographie du dramaturgemais biende sus-
citer l'envie chez le collégien, de l'obliger à réfléchir à l'his-
toire qui va lui être racontée, à se poser des questions
auxquelles seule la représentation saura répondre. De
plus, guetter le soir de la représentation, l'entrée en scène
du comédien vu en civil au collège capte l'attention,
même des plus réticents. Lors des applaudissements, il
n'est pas rare que le comédien rencontré au préalable
bénéficie d'un traitement exceptionnel et soit longue-
ment ovationné.
Lors de l'intervention après le spectacle, qui se déroule
également au collège, l'artiste est assailli de questions,
de points à éclaircir, lemetteur en scène estpoussé dans
ses retranchements par des spectateurs avides, qu'ils aient
apprécié ou non le spectacle.
Témoignage de Chantal Mélior,
directrice duThéâtre duVoyageur àAsnières-sur-Seine,
metteur en scène
« Il ne faut jamais préjuger de l’écoute des élèves lors de la re-
présentation. L’expérience a montré qu’une classe même dif-
ficile à intéresser lors de l’intervention avant la pièce, peut
sortir captivée du spectacle et accueillir à nouveau le comé-
dien lors de l’intervention après le spectacle en l’assaillant
de questions très pertinentes. Accueillir des collégiens c’estfaire
entrer l’énergie dans le théâtre ! »
Jeux de Scène proposait donc d’Écouter un artiste et de
Voir un spectacle. La Pratique, dernier volet d'EVP, a vu
le jour à la rentrée 2011, avec la mise en place d'ateliers
de dix heures de pratique autour de certains spectacles
de danse, demusique ou de théâtre, permettant ainsi aux
élèves de saisir par le geste le processus de création ar-
tistique.
Chant choral : tous ensemble
Cette démarche est également à l'origine de la création
duPlanduChant Choral. Undispositif qui propose à tous
les professeurs d'éducation musicale volontaires d'ins-
crire leurs élèves dans un projet d'envergure, se déve-
loppant sur une année scolaire autour du chant choral.
Une vingtaine de chorales, dirigées par des professeurs
de musique, travaillent en parallèle sur un répertoire
commun dans le but de chanter tous ensemble, à la fin
de l'année lors d'un concert exceptionnel dans un théâ-
tre partenaire. Les professeurs de musique sont formés
par un chef de chœur puis les élèves répètent en petits
groupes puis tous ensemble jusqu'à la représentation,
à laquelle sont conviés les parents de tous les élèves.
