revueculturellen4 - page 94-95

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albert-kahn
Chronique de l’œil
PARiS
RUE DU RENARD,
L’alignement coupe en deux plus d’un souvenir que l’on au-
rait aimé garder.
Théophile Gautier, 1854
É
largie, prolongée, assainie, la rue duRenard (4e arr.)
n’a cessé de connaître des modifications de son
tracé et de son habitat des années 1830 aux années
1970, comme l’ensemble du quartier Saint-Merri avec ses
ruelles enchevêtrées.
L’autochrome nous raconte une étape de l’histoire de
cette ruemédiévale. De chaque côté de la voie, deuxmurs
aveugles, devenus supports d’affiches publicitaires,
témoignent du prolongement de 1909 jusqu’à la rue
Simon-le-Franc, en coupant la rue Saint-Merri. Demême,
lamaison éventrée et les étais de bois à l’arrière-plan sont
les stigmates des rectifications de la rue Beaubourg, qui
continue la rue du Renard jusqu’à la rue de Turbigo. Un
axe rectiligne conforme aux principes haussmanniens
est ainsi réalisé.
S’imposant par ses sept étages avec combles aménagés,
l’immeuble de rapport à l’angle de la rue Pierre-au-Lard
symbolise le « nouveau Paris » bâti à côté – ou à la place
– du « vieux Paris ». Le règlement de 1859 a permis une
plus grande hauteur d’immeubles sur les voies de plus
de 20 m de large. La coupole d’angle affirme le prestige
de ce nouvel habitat (une formule apparue dans les an-
nées 1860 près de l’opéraGarnier et très développée dans
les années 1880-1900).
Les transformations duquartier Saint-Merri feront à nou-
veau l’objet de campagnes photographiques pour lesAr-
chives de la Planète en 1923 et 1928. En effet, le côté impair
de la rue Beaubourg et une partie de la rue du Renard
sont inclus dans le premier des six îlots insalubres déli-
mités début
xx
e
grâce au Casier sanitaire des maisons
de Paris. Des démolitions sont motivées par de graves
motifs : la tuberculose affecte alors 40 000 maisons pa-
risiennes et dans le 18
e
arr. des cas de peste sont même
déclarés en 1923. Aérer et ensoleiller la ville et les habi-
tations deviennent des impératifs d’urbanisme.
Ainsi disparaîtront l’immeuble de l’épicerie et de la fa-
briqueA. Morisset (ex-n
o
18 rue Saint-Merri) et les hôtels
du
xvi
e
siècle (ex-n
os
34 à 40 rue du Renard). L’immeuble
à gauche sera compris dans la longue entreprise de dé-
molitions du plateau Beaubourg ; à son emplacement
s’élèvera en 1977 le Centre Georges-Pompidou.
S
OPHIE
C
OUËTOUX
Attachée de conservation du patrimoine au musée Albert-Kahn
© Musée Albert-Kahn – Département des Hauts-de-Seine
Autochrome daté
du 9< juin 8<8;.
Opérateur non
identifié. Musée
Albert-Kahn.
1...,74-75,76-77,78-79,80-81,82-83,84-85,86-87,88-89,90-91,92-93 96-97,98-99,100-101,102-103,104-105,106
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