revueculturellen4 - page 70-71

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e contexte dans lequel sont dé-
couverts les objets métalliques
de l’âge du Bronze est souvent
chargé de sens. Considérant les
regroupements d’objets brisés (armes,
parures, outils), on a longtemps voulu re-
connaître dans ces ensembles des ca-
chettes de fondeurs, sortes de réserves
dans lesquelles les artisans bronziers se-
raient venus chercher la précieuse ma-
tière première. Parallèlement, les armes
complètes recueillies dans les dragages
de fleuves et de rivières étaient considé-
rées comme les vestiges de batailles na-
vales, dont l’attribution chronologique
apparaît aujourd’hui souvent fantaisiste.
Objets peRdus, cachettes ou
dépôts votifs ?
L’interprétation actuelle fait de ces en-
sembles des dépôts votifs, soit enmilieu
L’AGE dU BRONZE
terrestre, soit en milieu subaquatique.
Dans le premier cas, les objets sont sys-
tématiquement brisés ou au moins
dégradés intentionnellement. Il s’agit
ainsi de les rendre inutilisables, et d’en
interdire la remise en circulation.
Les épées sont fragmentées en petits
tronçons, les objets creux (certains outils,
bracelets, etc.) sont écrasés, les tôles
(casques, jambières, etc.) déchirées, les
tiges (bracelets pleins, épingles, etc.) sont
ployées, etl’onnoteparfois d’importantes
traces demartelage, dont l’empreinte est
restée très visible.
Outre les dépôts composites, c'est-à-dire
constitués de plusieurs objets, voire de
plusieurs catégories d’objets, on consi-
dère maintenant qu’un objet isolé peut
être interprété comme un dépôt à lui
seul, selon le principe du
pars pro toto
.
A l’inverse, les objetsmétalliques retrou-
aRchéologie
Hauts-de-Seine
La découverte d’une épée de l’âge du Bronze à Nanterre en
juin 8677 constitue un événement inédit depuis la fin du
XIX
e
siècle. En effet, mis à part les objets dragués dans la Seine
il y plus d’un siècle, aucun élément comparable n’avait été
découvert depuis dans le département.
vés dans le lit des cours d’eau sont le plus
souvent intacts, les rares dégradations
étant attribuables aux manipulations
récentes. La probabilité que ces objets
soient récupérés après leur dépôt étant
nettement moins forte qu’en contexte
terrestre, ils n’ont pas subi demanipula-
tions intentionnelles visant à les détruire
ou à les rendre inopérants. On citera
ainsi les épées de Nanterre, Sèvres et
Clichy, ainsi que la grande pointe de
lance deMeudon.
Les objetsmétalliques de l’âge duBronze
découverts dans lesHauts-de-Seine con-
fortent donc généralement ce constat : si
les armes réunies à l’occasion des dra-
gages de la Seine ne témoignent pas de
dégradations anciennes, les éléments
mis au jour en contexte terrestre, comme
à Rueil-Malmaison ou à Ville-d’Avray,
offrent des traces manifestes demutila-
tion. Il convient somme toute d’adjoin-
dre à ces deux grandes catégories une
troisième, celle des objets retrouvés
dans des contextes plus tardifs et donc
issus du remaniement de niveaux de
l’âge du Bronze. C’est le cas par exemple
des pointes de flèche et d’une épingle
de Nanterre, découverts dans des ni-
veaux gaulois du
I
er
siècle avant notre ère.
La destruction et le pillage des sites
s’inscrit en effet dans une tradition
plusieurs fois millénaire.
L’épée des Hautes PâtuRes
à NaNteRRe
L’épée en alliage cuivreux mise au jour
en juin 2011 est presque complète : seule
manque l’extrémité de la languette, bri-
sée lors de travaux récents, également
à l’origine de la déformation de la lame.
Cette découverte a été réalisée à l’occa-
sion d’un diagnostic préventif conduit
par le service archéologique des Hauts-
de-Seine, avant la construction d’un im-
meuble de bureaux. L’arme reposait à
environ un mètre sous le sol de l’usine
qui occupait jusqu’alors le terrain. Plu-
sieurs indices permettent de poser l’hy-
pothèse qu’il s’agit probablement à l’ori-
gine d’un dépôt subaquatique.
L’état complet de l’épée, mais aussi sa
présence au sein d’un niveau de sables
et de cailloutis alluviaux permettent
ainsi de supposer que l’objet a été jeté
dans le lit majeur du fleuve au cours
de l’âge du Bronze et qu’à la faveur de
crues violentes il s’est retrouvé associé
aux sédiments venus combler un petit
bras fossile ou plus vraisemblablement
une zone basse, en retrait des berges.
Sur un plan typologique l’arme conser-
vée sur une longueur de 42 cm s’appa-
rente aux épées à languette tripartite et
lame pistilliforme.
Elle rejoint le type « parisien » des épées
dites « atlantiques » de la fin de l’âge du
Bronze (étape IIb-IIIa du Bronze final).
Elle en présente en effet les caractéris-
tiques majeures comme la morpholo-
gie générale de lame et celle de l’em-
manchement et trouve ses parallèles
les plus proches – aux plans typologique
et géographique - à Nanterre, Rueil-
Malmaison et Clichy-la-Garenne.
l
Cette dernière, dont le moulage a été
réalisé en 1877 afin d’être déposé aumu-
sée des Antiquités nationales, présente
un état de conservation proche de celui
de l’arme des Hautes Pâtures. Il lui
manque en effet une bonne partie de
la fusée, ainsi que le pommeau.
Pour autant, le profil de lame est en tous
points semblable, seul le nombre de ri-
vets au niveau de la garde différant.
La première épée découverte àNanterre
provient d’un dragage de la Seine.
Conservée aumusée de Clamecy (Nico-
las 1976), elle se distingue par la présence
de lignes gravées. Elle semble provenir
de la collection de l’érudit nivernais
Gautheron du Coudray qui avait consti-
tué sa collection aumoyen d’achats en-
tre la fin du
XIX
e
et le début du
XX
e
siècle.
A
NTIDE
VTNVP
AXOSZWUWRYQ
AUTOUR
d’UNE éPéE déCOUVERTE à NANTERRE
NANTERRE
RUEIL-MALMAISON
NEUILLY
CLICHY-LA
GARENNE
VILLE-D’AVRAY
MEUDON
SEVRES
0
2500
5000m
D
HABITATDEL’AGEDUBRONZE
LOCALISATIONPRECISE
LOCALISATIONAPPROXIMATIVE
EPEE
FLECHE
LANCE
DEPÔT
COMPOSITE
EPINGLE
HACHE
LEGENDE
d
Epée découverte
en juin IGHH à
Nanterre, rue des
Hautes Pâtures.
La carte des découvertes
Les fouilles conduites ces
dernières années ont permis
de localiser un habitat du
Bronze final à Rueil-
Malmaison « Le Closeau »,
lors des travaux de l’ATS,
et un autre à Nanterre au
niveau de la jonction entre
l’AQR et la Seine.
© G. Vannet, CG92
© A.Viand, Service archéologique départemental des Hauts-de-Seine, CG92
p
OBJETSMéTALLIQUES dE
1...,50-51,52-53,54-55,56-57,58-59,60-61,62-63,64-65,66-67,68-69 72-73,74-75,76-77,78-79,80-81,82-83,84-85,86-87,88-89,90-91,...106
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