revueculturellen4 - page 72-73

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aRchéologie
Hauts-de-Seine
Il semble possible d’adjoindre à ces armes
entières le fragment d’épée découvert à
Rueil-Malmaison lors des travaux de l’A86 au
lieu-dit Le Closeau (Durand et al. 1997). Bien
que seul un fragment de poignée soit
conservé, il semble s’agir là encore d’unmo-
dule court d’arme à languette tripartite,
probablement proche des trois précédentes.
Elle s’en distingue par l’aspect à la fois très
fragmentaire et très lacunaire qui caractérise
les dépôts terrestres.
Ainsi lamajeure partie des épées découvertes
dans les Hauts-de-Seine se situe-t-elle dans
la phasemoyenne duBronze final, entre 1150
et 950 avant notre ère. Il convient cependant
de faire état de l’exemplaire plus ancienmis
au jour à Sèvres (type à languette trapézoï-
dale de la fin du Bronze moyen, vers 1400
avant notre ère) et de l’arme plus tardive dé-
couverte à Neuilly (type atlantique dit « en
langue de carpe » du Bronze final IIIb entre
930 et 800 avant notre ère)
Petits objets découverts: poiNtes
de flèche et épiNgles
Les fouilles préventives conduites àNanterre
et à Rueil-Malmaison ont livré trois pointes
de flèche de types différents. Outre les exem-
plaires en bronze, on retiendra l’exemplaire
de type Le Bourget, dont la particularité tient
à la fois au mode d’emmanchement et au
matériau dans lequel il est réalisé, le fer. Il
s’agit là d’éléments attribuables auBronze fi-
nal au sens large, depuis le Bronze final IIa
pour la flèche de Rueil-Malmaison jusqu’à la
transition Bronze-Fer pour la pointe de type
Le Bourget.
Parmi les quelques épingles recueillies,
celle deNanterre se signale par une tête
évasée au sommet aplati tandis que le
tiers supérieur de la tige accueille un ren-
flement fusiforme parcouru de stries
transversales obtenues aumoulage.
Il s’agit là encore d’un objet attribuable à
la période finale de l’âge du Bronze
(Bronze final I, vers 1350-1250 avant notre
ère), découvert dans des niveaux du se-
cond âge du Fer (
I
er
siècle avant notre
ère). En somme, cet objet avait déjà plus
de 1000 ans lorsqu’il a été rejeté par les
Gaulois de Nanterre !
D’un type différent, l’épingle découverte
à Rueil-Malmaison«LeCloseau» se dis-
tingue également par la présence sur le
col d’un décor finement gravé alternant
deux registres de chevrons et des séries
de lignes transversales. .
Surmontée d’une petite tête biconique
aplatie, elle relève d’un groupe d’objets
globalement datable du Bronze final II,
et pourrait en ce sens être contempo-
raine des épées de Nanterre, Clichy-la-
Garenne et Rueil-Malmaison.
SaNs équivaleNt daNs le dépaRte-
MeNt : le dépôt de Ville-d’Avray
Cet ensemble unique à ce jour dans le
département des Hauts-de-Seine a été
découvert en 1884 àVille-d’Avray.
Déposé au musée des Antiquités natio-
nales en 1889, il est constitué de neuf
haches en bronze, une pointe de lance et
trois bracelets. Parmi les haches, huit
relèvent du type à talon (en référence à
leur mode d’emmanchement) tandis
qu’une plus ancienne s’apparente aux
modèles à rebords. À l’instar de la pointe
de lance, dont il manque l’extrémité, et
des bracelets, déformés, les haches ont
subi des déformations intentionnelles.
Les parties pleines présentent des traces
demartelage, tandis que les tranchants
sont cassés ou ébréchés.
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5cm
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L’intérêt de ce dépôt est de plusieurs or-
dres. Outre le potentiel intrinsèque de
l’assemblage en termes de connaissance
du contexte local, l’association de ha-
ches à talon dites «
bretonnes
» et de
haches dites «
normandes
» est assez
rare à l’échelle régionale. Si les prem-
ières sont caractérisées par un talon an-
guleux, la forme de la butée et l’arête rec-
tiligne qui parcourt le corps, les secondes
sont notamment identifiables grâce au
décor en trident. C’est d’ailleurs à ce type
«
normand
» que se rapporte la hache
anciennement découverte à Suresnes,
aujourd’hui disparue.
À l’exception de la hache à léger rebord,
datable duBronze ancien, l’ensemble de
Ville-d’Avray semble ainsi attribuable
à la fin du Bronze moyen, c’est-à-dire
vers 1400 avant notre ère, à l’instar de
l’épée de Sèvres. C’est sans doute à cette
époque-là qu’il a été enfoui, probable-
ment à des fins votives.
des objets et des sites.
À l’évidence, ces quelques objets de l’âge
du Bronze ne sont qu’un reflet très ap-
proximatif de l’occupationdesHauts-de-
Seine entre 2000 et 800 ans avant notre
ère. Ils soulignent toutefois la complexité
de ces sociétés, tant du point de vue de
l’organisation et de la structuration (ob-
jets de prestige) que de celui des pra-
tiques votives (dépôts enfouis ou im-
mergés). Ces éléments ne sauraient
cependant être considérés indépen-
damment de leur contexte environnant,
à la fois naturel et anthropique. Si l’on
connaît encore peu les sites de l’âge du
Bronze dans le département, en re-
vanche il est établi que les axes de com-
munication terrestre et fluvial ont joué
un rôle prépondérant au deuxièmemil-
lénaire avant notre ère.
Les fouilles conduites ces dernières an-
nées ont en effet permis de localiser un
habitat du Bronze final à Rueil-Malmai-
son « Le Closeau », lors des travaux de
l’A86, et unautre àNanterre auniveaude
la jonction entre l’A14 et la Seine.
Ces indices très maigres ne constituent
ainsi qu’une part extrêmement restreinte
de l’occupation du département à cette
époque sur le plande l’habitat, mais éga-
lement sur celui du domaine funéraire,
totalement inconnu à ce jour sur le terri-
toire départemental.
Gageons que de nouveaux éléments
viendront nourrir ce dossier à la faveur
de futures opérations d’archéologie
préventive.
n
à SAVOIR
BIBLIOGRAPHIE
Gaucher (G.)
– Les dépôts de haches à talon de la région parisienne,
Gallia Préhistoire, HPNJ, vol HM, n°H, p. IHH-IJI.
Gaucher (G.), Mohen (J.-P.)
– Typologie des objets de l’âge du Bronze
en France, Fasc. H Epées, Société Préhistorique Française, Commission
du Bronze, Paris HPNI, OMp.
Mohen (J.-P.)
– Quelques épées à poignées métalliques de l’âge
du Bronze, conservées au musée des Antiquités nationales, Antiquités
nationales, J, HPNH, p.JH-JJ.
Mohen (J.-P.)
– L’âge du Bronze dans la région de Paris : catalogue
synthétique des collections conservées au musée des Antiquités
nationales. Paris : éd. des Musées nationaux, Paris HPNN, IMJ p.
Nicolas (A.)
– Une épée du Bronze final trouvée à Nanterre, au musée
de Clamecy, Bulletin de la Société Préhistorique française, n°P, p.IMK-IML
Quilliec (B.)
- L’épée atlantique : échanges et prestige au Bronze final,
Mémoire XLII de la Société Préhistorique Française. HNH p.
Viand (A.), Labat (O.)
– Nanterre – IL rue des Hautes Pâtures : rapport
de diagnostic archéologique. Service archéologique départemental des
Hauts-de-Seine, CG PI, IGHH.
« On connaît encore peu les sites
de l’âge du Bronze dans
le département, mais on sait
que les axes de communication
terrestre et fluvial ont joué un rôle
prépondérant. »
Hache à talon
Suresnes,
© AG. Vannet, CG92
© Service archéologique départemental des Hauts-de-Seine, CG92 (d’après Fournier 1890)
© A.Viand, Service archéologique départemental des Hauts-de-Seine, CG92)
0 5cm
1
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3
4
5
6
7
© A.Viand, Service archéologique départemental des Hauts-de-Seine,
CG92 (3 à 7 d’après Mohen 1977)
Armes découvertes dans
les Hauts-de-Seine
En haut, à droite :
objets du dépôt
de Ville-d’Avray
(d’après Mohen 1977)
Flèches et épingles
découvertes
à Nanterre et
à Rueil-Malmaison
(fouilles Afan 1994 et
fouille A. Viand, Inrap,
2003
1...,52-53,54-55,56-57,58-59,60-61,62-63,64-65,66-67,68-69,70-71 74-75,76-77,78-79,80-81,82-83,84-85,86-87,88-89,90-91,92-93,...106
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