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n usage dans la construction
automobile, dans les usines
Chausson, la presse Bliss, par
son aspect massif avec ses
7 mètres de haut et ses modestes 155
tonnes, est une digne représentante de la
révolution mécanique. Installée sur le
site en 1937, elle servait à emboutir des
tôles planes pour leur donner la forme
voulue, celle des carrosseries de véhi-
cules.
Les «Ateliers Chausson Frères » ont été
fondés dans les Hauts-de-Seine déjà, à
Asnières en 1907, par Jules, Gaston et
Paul Chausson. Consacrés d’abord à la
fabrication de radiateurs automobiles
(ceux en forme de nids d’abeille), de
réservoirs d’essence et d’eau, de tuyaux
d’échappement, l’entreprise a évolué
après la Seconde guerremondiale.
La « Société des usines Chausson » se
consacra à la construction de véhicules,
parmi lesquels les célèbres autocars de
la RATP qui sillonnaient Paris dans les
années 1960. L’entreprise atteignit le faîte
de sa prospérité pendant les années 1970
quand elle produisait comme sous-trai-
tante de ses deux principaux action-
naires, Peugeot et Renault. Elle compta
alors jusqu’à 15 000 salariés répartis sur
E
PRESSE bliSS
Installée en %(&' dans les Ateliers Chausson,
cette presse monumentale connaît un nouveau destin,
celui d’œuvre d’art et de signal d’entrée pour la ville
de Gennevilliers.
presque une dizaine de sites en région
parisienne et en province. L’entreprise
soumise à la concurrence internationale
a ensuite décliné progressivement pour
ne fermer sondernier établissement, ce-
lui de Gennevilliers, qu’en…2000.
« SymbolE dE la mémoiRE
ouvRièRE »
Les Hauts-de-Seine, par la disponibilité
de terrains vastes et peu onéreux, ont at-
tiré des entreprises à fortemain d’œuvre
et sont ainsi devenus le berceau de l’in-
dustrie automobile. Gennevilliers en
particulier offrit la possibilité pour les
usines Chausson de s’implanter sur 200
000 m². L’aventure Chausson à Genne-
villiers s’est achevée en 2008 avec la dé-
molition des bâtiments. Une nouvelle
aventure a alors débuté pour la presse
Bliss.
Repérée par l’inventaire général du vpa-
trimoine industriel depuis 1996, elle a
été offerte par la « société Chausson-
Renault » à la municipalité. Cette der-
nière en a assuré l’installation comme
monument artistique. Elle est désormais
le symbole de la mémoire ouvrière de
Gennevilliers et plus largement de l’his-
toire industrielle des Hauts-de-Seine.
n
Gilles Baud-Berthier
responsable de la conservation des Antiquités
et Objets d’art du département des Hauts-de-Seine
© Jean-Louis Macault
patRiMoiNe iNdustRiel
Gennevilliers
p
Elle rivalise avec lesœufs à lamanière de Fa-
bergé (célèbre bijoutier qui réalisait les ca-
deaux que le tsar Nicolas II offrait à l’impé-
ratrice pour fêter le renouveau pascal), taillés
en étoile comme les jardinières, les vases, les
coupes à fruits, les carafes à vin ou à liqueur,
les flacons, les bonbonnières. Les couleurs
sont assez franches : bleu cobalt, aqua-ma-
rine, vert, rouge ou toujours classique et élé-
gant, le cristal clair. L’ambre est venu s’ajouter
à cette panoplie.
QuestioN de savoiR-faiRe
Le travail de la taille est une opération très dé-
licate nécessitant une grande expérience.
Pour cela, le choix d’un cristal de très belle
qualité est essentiel. (Unpetit rappel : le cristal
est un verre auquel on a ajouté du plomb, en
général dans une proportion de 24 à 30%.)
Franck Bénito se fournit dans les meilleures
cristalleries, enFrance ouenAllemagne. Il re-
çoit la formequi a été souffléedans unmoule,
celle-ci doit être très épaisse car la taille va être
poussée jusqu’au point de rupture.
À ce moment, c’est le traçage qui permet de
marquer les lignes du dessin initial selon un
gabarit, puis un travail à lameule commence
pour enlever le verre aux parties désirées.
Quatre meules différentes, de la plus gros-
sière à la plus fine (en feutre) sont nécessaires
pour polir et faire les finitions. Il faut voir ce
« Auréolé de prix qui
le situent au même rang
que les grands cristalliers,
Franck Bénito perpétue
une œuvre originale,
pratiquement unique
au monde.»
travail qui peu à peu dévoile une magie
lumineuse, différente selon lesmotifs de
taille choisis (en étoile, à pans coupés, en
côtes plates… ). Les formes colorées sont
recouvertes d’une couche de cristal teint,
ce qui permet de faire ressortir la lumière
blanche au travers des motifs colorés.
Pour réaliser les parties enmétal, Franck
Bénito fait travailler des bronziers d’art
qui fondent en or, argent, bronze doré
ou argenté des éléments qui vont garnir
les pièces de cristal. Une pièce assez
spectaculaire est le «barNicolas I
er
» sup-
porté par la danse de trois éléphants.
N’oubliez pas d’admirer l’œil des ani-
maux, c’est une pierre précieuse (rubis de
Birmanie ou saphir de Ceylan) qui est
sertie en forme d’amande, nouveauté qui
requiert là aussi beaucoup de savoir-faire
de la part du joaillier avec qui il partage
ce travail.
Ces techniques ont permis cette année
de créer une paire d’appliques d’esprit
« art déco », toutes travaillées en courbes
alternant lemat et le brillant : une vérita-
ble merveille qui sera réalisée, bien en-
tendu, sur commande.
n
Pour en savoir plus :
© CG92/Jean-Luc Dolmaire
© CG92/Jean-Luc Dolmaire
ARtisaN d’aRt
Colombes
© CG92/Jean-Luc Dolmaire
L'atelier
et ses diverses
productions
au premier plan.
Applique
de style Art Déco
en cristal taillé.
Taille du cristal en
étoile.
EmblématiQuE
1...,46-47,48-49,50-51,52-53,54-55,56-57,58-59,60-61,62-63,64-65 68-69,70-71,72-73,74-75,76-77,78-79,80-81,82-83,84-85,86-87,...106
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