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© Musée Albert-Kahn – Département des Hauts-de-Seine
albert-kahn
Chronique de l’œil
Mongolie
LE STUPA JARAN KHASHAR
À OURGA
E
n 1911, à la suite de la chute de la dynastie mand-
choue des Qing, l’ancienne province de Mongo-
lie-Extérieure a proclamé son autonomie politique.
C’est le chef religieux du pays : le Bogd gegeen, qui est
installé comme roi, jusqu’à ce que samort en 1924 laisse
le champ libre à l’installation d’une « République popu-
laire », régime qui perdurera jusqu’à la chute de l’URSS
en 1990.
Ourga était le plus grand centre de pèlerinage de laMon-
golie indépendante et comptait des lieux de piété ma-
jeurs, parmi lesquels le stupa Jaran khashar.
Le stupa estunmonument phare du bouddhisme. C’est
un objet de culte et de vénération, qui peut en outre avoir
une fonction funéraire, votive, ou de reliquaire. Pour s’en
approprier la sainteté, les fidèles tournent autour dans le
sens de la marche du soleil.
Lestupa Jaran khashar, aujourd’hui disparu, était une ré-
férence au stupa de Bodnath avec sa couleur blanche et
les yeux peints sur sa flèche, qui symbolisaient les yeux
du Bouddha embrassant tout l’univers. Pour les pèle-
rins qui ne pouvaient assumer les frais d’un long voyage
au Népal, il constituait un lieu de pèlerinage de substi-
tution en terre mongole.
Ourga était constituée de monuments démontables de
bois et de feutre, hérités de l’époque où les centres reli-
gieux étaient encore nomades. Ses habitants, composés
pour moitié de moines attachés aux nombreux monas-
tères que comptait la ville, étaient sédentaires mais
n’avaient pas pour autant renoncé au confort de leurs
yourtes, qu’ils installaient aux abords des lieux de culte.
Les tentes de toile visibles au premier plan de la photo-
graphie étaient soit des annexes domestiques, soit les ha-
bitations temporaires de pèlerins ou autres gens de pas-
sage, car Ourga, outre son statut de capitale politique et
religieuse, était aussi un grand centre de commerce et
d’échanges.
La plupart desmonuments religieux d’Ourga ont été dé-
truits pendant la période communiste. Ces destructions
sont dues à l’anticléricalisme du régime et à son souci de
réaménager la capitale, rebaptiséeOulan-Bator (« héros
rouge »), sur le modèle soviétique.
A
NNE
S
IGAUD
Attachée de conservation du patrimoine
Commissaire de l’exposition « La Mongolie entre deux ères. 1912-
1913 », musée Albert-Kahn. Jusqu’au 16 septembre 2012.
Le stupa Jaran
khashar, Ourga,
Stéphane Passet,
97 juillet 8<8:.
Musée Albert-
Kahn
1...,72-73,74-75,76-77,78-79,80-81,82-83,84-85,86-87,88-89,90-91 94-95,96-97,98-99,100-101,102-103,104-105,106
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