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au processus de création. Grâce à l’intelligence artificielle
et aux technologies de captation et d’analyse en temps
réel d’événements (images, sons, données), l’œuvre se
voit dotée de capacités de voir, entendre, sentir, analyser
et interagir avec son environnement. Elle devient ainsi
un partenaire relationnel, doté de comportements
autonomes, qui nous invite à vivre une expérience
intime.
Poésie tactile
Le CUBE, premier centre de création numérique en
France, ouvert en 2001 à Issy-les-Moulineaux, a produit
et diffusé de nombreuses œuvres numériques, comme
récemment à l’ExpositionUniverselle Shanghai 2010 où
durant six mois des œuvres interactives ont été présen-
tées sur des écrans géants. Desméduses virtuelles, «
Corps
complices
» (production Le Cube 2009), vous invitaient
par exemple à jouer avec elles dans un espace tridimen-
sionnel. Grâce à la force d’évocation sensible et intui-
tive du dispositif, les spectateurs se prêtaient facilement
au jeu de l’interaction jusqu’à littéralement danser avec
le banc deméduses. L’expérience émotionnelle était ren-
forcée par la dimension immersive de l’image et du son
générés en temps réel. L’auteur de cette installation, la
chorégraphe Catherine Langlade, a ainsi créé un dispo-
sitif adapté aux flux des visiteurs ainsi qu’à la temporalité
de chaque expérience.
Lesœuvres numériques proposent une infinité de formes
inédites. Ainsi, l’installation «
Symbiose
» du collectif
Experiencæ Electricæ, présentée au Cube Festival en
septembre dernier, invite le spectateur à interagir avec
un monde artificiel. La présence humaine y est figurée
pardes« codesQR », usuellementutilisés sur lepackaging
industriel, qui délivrent desmessages personnalisés aux
spectateurs via leurs téléphonesmobiles. L’œuvre «
Body
Paint
», de l’AnglaisMehmetAkten, nous transforme en
de véritables pinceaux vivants qui, par lemouvement de
notre corps, créent sur un écran géant une peinture
virtuelle sans cesse renouvelée. Autre exemple, «
Lotus 07
»
de l’artiste hollandaisDaanRoosegaarde, se présente sous
forme d’un mur composé de fines feuilles métalliques
qui se déploient demanière organique ennotre présence.
L’artiste explore ici «
ce qui arrive quand la technique s’im-
misce dans le paysage urbain pour créer une poésie tactile
».
© Collectif Experientiæ Electricæ