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ArchéoLoGie
Hauts-de-Seine
Les découvertes récentes
et les sites emblématiques
Depuis le printemps 2010, le service
archéologique a réalisé 12 diagnostics
archéologiques pour le compte du
Conseil général. Bien qu’aucun n’ait
nécessité lamise enœuvre d’une fouille
complémentaire, tous ont apporté de
précieuses informations, et parfois
même de remarquables vestiges. Acte
scientifique avant tout, le diagnostic n’a
pas en effet pour objectif de générer une
fouille, mais bien d’évaluer le potentiel
archéologique du terrain et de collecter
les informations s’y rapportant.
Parfois, l’information se limite à des
observations d’ordre géologique ou
sédimentaire, qui enrichissent néan-
moins la connaissance des milieux
naturels et permettront d’affiner les
méthodologies lors d’interventions
ultérieures. Le sondage profond réalisé
devant l’Hôtel de Ville d’Asnières-sur-
Seine aura de telle manière permis de
mettre en évidence une stratigraphie
complexe, comprise entre les niveaux
actuels et les dépôts alluviaux de la Seine
à la fin de l’ère glaciaire.
Dans certains cas encore, les sites ont
disparu et n’en demeurent que des
indices épars oumal conservés. Ce fut le
cas des parcelles étudiées à Antony en
bordure duRude Rungis, dans l’enceinte
de l’ancien domaine de Tourvoie. Une
vaste fosse aux contours irréguliers,
carrière d’extraction des sédiments
destinés à la fabrication du torchis dont
on faisait lesmurs demaisons a ainsi pu
être datée du Néolithique final. Son
comblement recelait en effet quelques
éclats de silex et des restes de céramiques
caractéristiques. Ces éléments font écho
à des découvertes plus denses, réalisées
sur l’autre rive du Ru, sur le territoire de
Fresnes, dans leVal-de-Marne.
Depuis 2010, le territoire deNanterre n’a
pas révélé de nouveaux vestiges de la
fameuse agglomération gauloise. En
revanche, le bras fossile d’un petit chenal
de la Seine recelait une épée immergée
environ 3000 ans plus tôt, probablement
dans un geste votif. Il s’agit d’un témoi-
gnage d’autant plus rare qu’il est impré-
visible, déconnecté par nature de tout
contexte archéologique structuré.
À Bagneux, les résultats du diagnostic
ont été denses et riches, mais là encore
inattendus. Le secteur, sur lequel étaient
attendus des vestiges d’habitatmédiéval,
n’aura livré que des éléments d’époque
moderne, centré autour de la période
révolutionnaire. Un élément majeur
échappe à ce constat, témoignant de
manière indirecte de l’histoire locale et
de ses aléas. Les fragments d’uneVierge
à l’Enfant du début duXIV
e
siècle ont en
effet étémis au jour dans les fondations
d’un bâtiment, évoquant les destructions
de la dernière décennie du XVIII
e
siècle.
Il est fort probable que cette statue ait été
prélevée dans l’église Saint-Hermeland,
distante de quelques dizaines demètres
tout au plus.
Époque contemporaine
à Bourg-la-Reine
En Juin 2012, le diagnostic conduit sur
les terrains de la SEM92 à Bourg-la-
Reine a livré les restes d’une production
locale de faïence. Les rejets mis au jour
témoignent de la fabrication d’éléments
liés à l’hygiène (cuvettes lavabos, etc.), de
vaisselle (cruches, soupières, coupes
godronnées) mais aussi de vaisselle
miniature (dinette ?). Un travail docu-
mentaire, conduit parallèlement à l’étude
des mobiliers recueillis, permettra sans
doute de préciser les modalités de cette
activité, datable du dernier quart du
XIX
e
siècle.
Archéologie industrielle à
Nanterre et à Rueil-Malmaison
Parente pauvre de l’archéologie, l’archéo-
logie dite industrielle a malheureu-
sement pour corollaire la consommation
rapide d’un patrimoine finalement peu
connu. Si les usines, emblématiques à
plus d’un titre, ont souvent attiré l’atten-
tion, l’archéologie du passé récent reste
à faire. Elle se donne pour objectif de
rétablir le lien rompu par des approches
trop ponctuelles, en réintroduisant la
notion de contexte. Quel sens donner à
l’industrialisation d’un territoire si l’on
ne prend en compte que les structures
de production, en écartant les axes de
transport terrestres (routes, voies ferrées)
et fluviaux ? Comment expliquer les
villes actuelles si l’on ne recherche pas
une partie des réponses dans les logiques
antérieures ?
D’une certaine manière, le passé récent
s’interroge comme la Préhistoire, avec
une difficulté supplémentaire, tenant
aux a priori et à l’illusion de savoir déjà.
Au printemps 2012, un diagnostic
conduit àNanterre, puis un autre à Rueil-
Malmaison ont ainsi permis de prendre
la pleine mesure des gigantesques
travaux de terrassement mis en œuvre
lors de l’aménagement de la première
ligne de chemin de fer pour voyageurs
en France, reliant alors Paris à Saint-
Germain-en-Laye. Inaugurée le 26 août
1837 par la famille royale, elle aura
nécessité d’énormes travaux de nivel-
lement visant à atteindre une pente de
1/1000
e
pour l’ensemble du parcours, soit
un dénivelé maximum d’un mètre par
kilomètre. L’ensemble aura mobilisé
1500 ouvriers, auxquels le ministre de la
Guerre consent à adjoindre 600 à 700
hommes. Les voies de la ligne du RERA
sont aujourd’hui encore assises sur ces
niveaux.
S’il est largement investi dans les mis-
sions d’archéologie préventive, le service
départemental travaille par ailleurs
activement à l’inventaire, la cartographie
et la valorisation du patrimoine archéo-
logique. Dans ce cadre, et afin d’assurer
la cohérence de ses travaux, il outrepasse
donc largement le seul cadre préventif
pour prendre en compte les différents
champs patrimoniaux, s’appuyant ainsi
pleinement sur le riche potentiel de ce
territoire.
« Acte scientifique avant tout, le diagnostic
n’a pas en effet pour objectif de générer
une fouille, mais bien d’évaluer le potentiel
archéologique du terrain. »
À SAVOIR
ORIENTATION
BIBLIOGRAPHIQUE
Audebert, Vigreux 2012
: AUDEBERT (A.),
VIGREUX (T.) -
Aménagement du territoire et
archéologie préventive.
Dossiers d’experts.
Éditions territoriales.
Héron
: HERON (C.) –
Le service territorial
d’archéologie. Enjeux, missions, moyens et outils.
Dossiers d’experts. Editions territoriales.
Viand 2010
: VIAND (A.) –
Les collectivités
territoriales et les instances scientifiques, Culture
et Recherche
n°122-123 printemps-été 2010,
p39-40.
De gauche à droite :
Bourg-la-Reine est réputé
pour sa faïence et sa
porcelaine. Un diagnostic
récent a permis d’identifier
cette cruche miniature en
attente de glaçure.
Flacons pharmaceutiques
rejetés aux environs de
l’hôpital de Nanterre dans
la première moitié du
XX
e
siècle. Les niveaux
contemporains livrent des
mobiliers jusqu’alors peu
pris en compte.
La face de cette Vierge à
l’Enfant du début du XIV
e
siècle a conservé de
nombreuses traces de
polychromie. Découverte
à Bagneux, elle provient
manifestement de l’église
Saint-Hermeland.
©AntideViand /CG92 /2012
©AntideViand /CG92 /2010
La stratigraphie de cette voie
ferrée à Rueil-Malmaison
révèle toute la complexité de
l'aménagement.
©AntideViand /CG92 /2012
©AntideViand /CG92 /2012
DANSLESHAUTS-DE-SEINE
GUIDE PRATIQUE
DE L’AMÉNAGEUR
L’ARCHÉOLOGIEPRÉVENTIVE
Ceguide réalisépar leConseilgénéraldes
Hauts-de-Seineestdestinéauxaménageurs
Dans le cadre de ses
missions d’expertise et de
conseil, le service
archéologique met à
disposition des aménageurs
un guide en ligne,
téléchargeable sur
seine.net/archeologie/.
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