paris
RueDuMonTPARnASSe, 1914
L
orsque Stéphane Passet réalise des autochromes rue
duMontparnasse en juillet 1914, lapérennitédes petits
commerces et ateliers installés dans des baraques
entre les n
os
4 et 18 a pu lui sembler bien incertaine.
Unpeuplus haut, aun
o
20, des baraques à usage de fonderie
viennent d’être détruites pour permettre la constru ion
d’un immeuble enbrique qui abritera les classes de l’institut
Notre-Dame-des-Champs à partir de 1915. Deplus, le collège
Stanislas ne cesse de s’agrandir et de se redéployer depuis
son implantation dans le quartier en 1847. L’établissement
avait investi les bâtiments de l’ancienne brasserie Santerre,
au n
o
22 rueNotre-Dame-des-Champs, dont on aperçoit le
grandmur pignon à l’arrière-plan de l’autochrome.
Passet ne s’est pas intéressé au chantier rue du Montpar-
nasse ; il s’est délibérément arrêté sur ces commerçants et
artisans en sursis, opérant ainsi dans l’esprit initial du projet
des Archives de la Planète (sauvegarder la mémoire de ce
qui semble menacé de disparition). Trois ans plus tard,
Charles Lansiaux, lephotographede laCommissionduVieux
Paris, sera lui aussi envoyé dans le quartier et rapportera une
vue des échoppes, pour enrichir le pré-inventaire du bâti
parisienmenacé. L’enseignedu tonnelier avait été remplacée
par cellede laMaisonArménian,marchanddepâtes alimen-
taires.
Les deux photographes ont dû être frappés par le manque
d’homogénéité de cette portionde la rue duMontparnasse.
Lesmodestes établissements que sont le tonnelier, lamenui-
serie-ébénisterie du Périgourdin Jean Brégégère, une
épicerie-fruiterie, une auberge, un planeur enmétaux font
face, côté impair de la rue, à de plaisantes maisons (dont
celledeSainte-Beuve) ; àdes immeubles de rapport enpierre
de taille des années 1880 et 1900 et au grand bâtiment Art
Nouveau, siège de la Maison Larousse.
À l’époque, les baraques occupent des parcelles appartenant
à la familleBourbon-Chalus, enclavées entre le domaine du
collège Stanislas et l’institutNotre-Dame-des-Champs. Les
terrains seront vendus en 1931, les dernières échoppes
démolies et remplacées par le bâtiment Beaussart de
Stanislas, conçu par l’archite e Eugène Chifflot.
Tout récemment, cette portionde la rue a encore connudes
destru ions-reconstru ions : les n
os
20 à 24 ont été détruits
en 2009-2010 pour l’édification d’un nouvel internat et de
nouvelles salles de classe.
S
oPHie
C
ouëtoux
Attachée de conservation du patrimoine au musée Albert-Kahn
Rue du Montparnasse,
6
e
arr. Autochrome de
Stéphane Passet,
22 juillet 1914.
© Musée Albert-Kahn.
albert-kahn
Chronique de l’œil
113
112
Sur les 72000
plaques
autochromes
abritées par
le musée
Albert-Kahn,
la moitié
présente des
vues de Paris.
