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En 1689, le marquis de Seignelay, fils de Colbert et propriétaire du château
de Sceaux, acheta à Pierre Le Tessier de Montarsy six sculptures de bronze
représentant trois couples de dieux antiques :
Jupiter
et
Junon
,
Neptune
et
Amphitrite
,
Pluton
et
Cérès
. Ces œuvres avaient été fondues d’après
des originaux en terre cuite conçus au début des années 1650 par Michel
Anguier (1612-1686). Plusieurs exemplaires de la série furent réalisés
et acquis par les collectionneurs les plus exigeants du règne de Louis xIV.
André Le Nôtre offrit ainsi au roi son
Amphitrite
, aujourd’hui au Louvre,
comparable à celle que vient d’acquérir le musée de l’Île-de-France.
Œuvre caractéristique de l’âge d’or du bronze d’art français, cette figure
représente Amphitrite qui, par sa danse, sut séduire Neptune, le dieu
des mers, auquel d’abord elle se refusa. Celui-ci persuada alors Delphinos
de convaincre la néréide de l’épouser, ce qui advint, et l’émissaire fut pour
cela métamorphosé en la constellation du Dauphin. Par allusion à cet
épisode de leur histoire, l’animal a été représenté aux pieds de la figure.
Amphitrite
porte en outre une langouste docile sur l’avant-bras,
par laquelle Anguier symbolisa l’empire de la néréide sur les peuples
marins. Neptune était représenté agité et son épouse tranquille :
le sculpteur souhaita évoquer ainsi l’humeur changeante de la mer.
