Vallée de la Culture n°10 - page 84

un homme, un Lieu
Bourg-la-Reine
Le E
er
août EMEH, c’est à Bourg-la-Reine que l’écrivain découvre, affiché sur tous
les murs, l’ordre de mobilisation générale. Il part sur le front et ne reviendra pas.
Hommage à cette magnifique figure de nos patries charnelles.
ergère qui gardiez les moutons à
Nanterre...
Dès le premier vers de
Sainte
Geneviève, patronne de Paris
–que
Le Figaro
publie en une, sur deux colonnes,
le 16 août 1913 –Charles Péguy s’inscrit géo-
graphiquement dans les futurs Hauts-de-
Seine. « Homme de la plaine, pourquoi
gravis-tu les collines ? -Pourmieux regarder
la plaine », et commentmieux regarder Paris,
« vaisseau de guerre »
, l’inépuisable sujet des
«Tapisseries »
du poète, que depuis ces hau-
teurs occidentales, et Nanterre tout d’abord,
la ville de sainteGeneviève, patronne de Paris
et sa protectrice ? Quand on publie son
poème, Péguy vient tout juste de s’installer à
Bourg-la-Reine, 7 rueAndré-Theuriet.
Le 1
er
août 1914, c’est à Bourg-la-Reine qu’il
découvre, affiché sur tous les murs, l’ordre
de mobilisation générale. Le lendemain il
prend le train pour Paris, à cette gare de
Bourg-la-Reine qu’il connaissait bien depuis
son adolescence (c’est là qu’il venait pren-
dre le train quand il était demi-boursier en
première vétérans au lycée Lakanal à
Sceaux). À Paris, il loue un fiacre et fait la
tournée d’adieux de ses amis, dont Léon
Blum, Bergson, Jean Variot et Charles
Lucas de Pesloüan avec qui il se récon-
cilie ; il passe deux nuits chez sa grande
amie Geneviève Favre, la fille de Jules
Favre (et lamère de JacquesMaritain). La
dernière nuit, à six heures du matin, il
entre dans la chambre de son hôtesse ;
il vient causer, il ne peut dormir. Comme
elle remarque ses pieds nus :
« Il faut leur
donner de l’air. Ils vont avoir beaucoup à
travailler »
. Péguy lemarcheur, le pèlerin
de la route de Chartres qui part se battre,
« soldat de la République »
:
« ... et comme on peutmarcher, les pieds
dans ses souliers,
Vers un dernier carré le soir d’une
bataille ».
Villeroy, le 5 septembre 1914
Dès lors, comme le notera son ami et
futur biographe Daniel Halévy,
« il ne
parlera plus que de paix »
. Le 4 août, le
lieutenant Charles Péguy, de la 19
e
com-
pagnie du 5
e
bataillon du 276
e
régiment
d’infanterie, quitte Paris en train pour
Coulommiers :
« Un train bondé de fleurs
m’a amenémardi à Coulommiers,
écrit-il à
sa femme.
J’étais seul officier pour conduire
trois mille Parisiens »
. Le 9 août, il quitte
Coulommiers pour Saint-Mihiel ; le 15
août, fête de l’Assomption, à Loupmont
dans laMeuse, il assiste pour la première
fois à la messe. Le 23, il écrit aux siens :
Péguy
en L’honneur de
©Roger-Viollet
Par Philippe Barthelet
b
charLes
Charles Péguy (1873-1914).
Charles Péguy, à droite, aux
grandes manoeuvres de 1913
à Fontainebleau.
©Roger-Viollet
1...,74,75,76,77,78,79,80,81,82,83 85,86,87,88,89,90,91,92,93,94,...124
Powered by FlippingBook