Vallée de la Culture n°10 - page 75

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de l’avis personnel des collaborateurs. Les
nouvelles formes de travail permettent
des formes d’engagement plus impor-
tantes en mettant en place des réseaux
sociaux d’entreprises, en abattant les
barrières hiérarchiques ou information-
nelles.
Quelles sont les conditions requises
pour travailler autrement ?
La première condition est d’ordre
technique. Elle consiste à s’approprier les
technologies et les outils de communi-
cation (réseaux sociaux d’entreprise,
bureautique etc) qui existent et de faire
évoluer ses usages afin de les mettre au
service des échanges.
Il existe un minimum requis technique
qui consiste à pouvoir accéder aux
données à distance de l’organisation. Il
faut que tout collaborateur puisse avoir
accès au réseau sécurisé de l’entreprise.
Le second minimum requis technique,
selon moi, est celui d’avoir accès à des
outils collaboratifs (nouvelle suite Office
Online, Google Docs, etc.)… Les solu-
tions existent et sont aujourd’hui à la
portée de tous.
Les pratiques de management évoluent
pour passer d’un management par la
présence à un management par la con-
fiance. L’enjeu est d’arriver à une dyna-
mique où la performance des collabo-
rateurs estmesurée nonpas par le temps
de travail passé au bureau, mais sur la
qualité des tâches effectuées.
La dernière condition est de favoriser au
sein de l’organisation des démarches
collaboratives et expérimentales en fai-
sant des collaborateurs de vrais acteurs.
Il est important de mobiliser les salariés
pour désenclaver les disciplines et faci-
liter la transversalité, le bien travailler
ensemble étant source de compétitivité
pour l’organisation. Cela se fait dans un
environnement où la porosité est plus
forte entre vie professionnelle et vie
privée. Zappos (Workspaces that move
people,
HarvardBusiness Review
, oct. 2014)
l’a expérimenté à travers un projet de
coworking
en interne. Enmélangeant ses
salariés avec des travailleurs indépen-
dants ouencoredes start-ups, cette entre-
prise a réussi à transformer les formes
d’engagement : les participants sont de-
venus force de proposition (+78%) et 84%
d’entre eux sont devenus de nouveaux
leaders, c'est-à-dire qu’ils se sont mis à
leur tour à développer des projets.
Comment s’y préparer à titre individuel
comme collectif ?
Travailler différemment, c’est travailler
pour une qualité de vie améliorée. Il faut
pour cela se préparer à convaincre son
entreprise si celle-ci n’a pas entrepris sa
mue. Remettre en cause l’organisation
traditionnelle du travail et son lot de
préjugés sur l’organisation spatiale du
travail peut sembler compliqué voire
impossible alors que si nous regardons
autour de nous, il existe des tas d’initia-
tives et tendances inspirantes pour les
entreprises.
À titre individuel, il faut également se
poser la question de sa capacité à tra-
vailler de manière autonome hors du
bureau et pour les personnes choisissant
de télétravailler depuis leur domicile, il
s’agit d’établir des règles et des frontières
claires avec l’entreprise mais également
sa famille.
D’un point de vue collectif, l’enquête
nationalequenous avionsmenée l’année
dernière dans le cadre de la première
édition du Tour de France du télétravail
résume bien les enjeux sur le sujet. 53%
des personnes souhaitant télétravailler se
voient opposer un refus de leur hiérar-
chie. Et cette même hiérarchie exprime
dans 75% des cas des doutes sur l’effi-
cacité potentielle de leurs équipes dans
cette nouvelle organisation du travail.
L’enjeu principal se résume donc en un
mot : confiance. Il est capital pour l’entre-
prise de préparer le terrain et d’aider les
salariés à s’adapter à unmanagement par
la confiance avec des objectifs définis de
manière commune.
L’organisation doit porter la responsa-
bilité de vouloir changer les modes de
management en aidant les managers à
s’organiser de manière différente, en
favorisant le collaboratif etc.
L’État et les collectivités locales ont aussi
un rôle à jouer…
En effet, le
travailler autrement
peut
apporter des bénéfices très importants
à la société en termes économiques,
sociaux, mais aussi environnementaux.
Je pense notamment à la réduction des
flux de transports aux horaires de pointe
grâce au télétravail et à son impact poten-
tiel sur les investissements dans les infra-
structures ou à la préservation d’activités
dans des villes «dortoirs ». LaCaisse des
Dépôts a récemment publié une étude
mettant en lumière les retombées du
télétravail pour les collectivités : en
moyenne ce sont 57 000€ dépensés par
an dans les commerces et services d’une
commune équipée d’un espace de télé-
travail, auxquels il faut ajouter 50 000 €
de recette fiscale. Les retombées liées à
une usure moins rapide des infrastruc-
tures de transports sont également non
négligeables.
Il paraît utile que les territoires s’em-
parent de ces questions et contribue à la
sensibilisation des citoyens et des entre-
prises.
n
« Il paraît utile que les terri-
toires s’emparent de ces
questions et contribuent
à la sensibilisation des
citoyens et des entreprises »
Cette étape du tour
de France du télétravail,
à La Défense,
a été
soutenue par le
Département et Defacto
au titre des expérimen-
tations du Laboratoire
d'innovation publique.
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