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archÉologie
Issy-les-Moulineaux
GAULOIS
La redécouverte de l’extrémité d’un fourreau d’épée du second âge du
Fer permet pour la première fois d’établir une présence gauloise à Issy-
les-Moulineaux et ainsi d’enrichir une documentation encore très rare
pour la période dans ce secteur.
AntideViand
Chef de serVice, archéologue
Conseil général desHauts-de-Seine
À PROPOS D’UN
FOURREAU D’ÉPÉE
n ensemble funéraire a été dé-
couvert fortuitement en 1967, lors
des travaux de terrassement pré-
cédant la construction d’un im-
meuble, au 35 rue Séverine. L’emprise con-
cernée ne recouvre manifestement qu’une
partie d’un site plus étendu, dont les limites
n’ont pu être reconnues.
Les fouilles de sauvetage réalisées par
BernardMadelenat se sont ainsi consacrées
à la zone située entre la rue Séverine, la rue
Ernest Renan, la rue Parmentier et la rue
Foucher Lepelletier.
Lors de cette intervention, une grande partie
des vestiges avait déjà été détruite, et seules
subsistaient trente-huit sépultures, dont sept
seulement furent fouillées. Les individus
avaient été inhumés dans des cercueils en
bois dans des tombes orientées sud-est. Il
convient cependant de noter quelques
exceptions dont un sarcophage d’enfant
(n°26), un fragment de sarcophage (n°30) et
une urne funéraire de facture grossière.
u
Lemobilier recueilli alors consiste en un
bracelet, une fibule et une poignée en
alliage cuivreux, une coupe en verre, une
douzaine de céramiques, et quelques
fragments demétal. Si les céramiques –
notamment les deux bols en sigillée
d’Argonne de type chenet 320 –et la cou-
pe en verre à dépressions conduisent à
placer l’ensemble au Bas-Empire, les
éléments ferreux n’avaient pas alors attiré
l’attention.
La nécropole du Clos-Benoît fait poten-
tiellement écho à la découverte au XViii
e
siècle, dans la même zone, d’un sarco-
phage enpierre alors attribué à Leudaste,
comte de Tours, assassiné en 585 sur les
ordres de la reine Frédégonde (Lebeuf
1757 ; Becchia 1977).
Il convientpar ailleurs de la rapprocher de
la mise au jour, en 1932, d’ossements hu-
mains lors des travaux d’aménagement
de la ligne 12dumétroparisien, auniveau
de la rue Ernest-Renan, aux abords de la
rueVictor-Hugo.
Une nécropole du Bas-Empire ?
Il convient avant tout de noter la richesse
de cet ensemble funéraire, le matériel
mis au jour provenant des sept sépul-
tures fouillées. Malheureusement, l’es-
sentiel du mobilier et de la docu-
mentation photographique a été
dispersé depuis la découverte. Parmi les
éléments encore conservés auMusée de
la Carte à Jouer figurent notamment le
sarcophage en pierre de petites dimen-
sions, les bols argonnais et la coupe en
verre. Les ossements humains, long-
temps entreposés dans un dépôt de
l’État, ont été confiés au conseil général
des Hauts-de-Seine afin qu’il en assure
la conservation et puisse en reprendre
l’étude. C’est au cours du recondition-
nement de ces ossements qu’ont été
retrouvés quelques objets tels que des
clous de cercueil, des fragments de céra-
mique et un énigmatique fragment
triangulaire en fer.
Si l’on exceptait les quelques documents
de fouille conservés et les courtes publi-
cations de la découverte, il resterait
en somme bien peu de l’information
d’origine.
Un fragment de fourreau d’épée
Parmi les éléments mélangés aux restes
humains, un objet triangulaire en fer
évoquait la forme d’une lame engagée
dans un fourreau métallique. Un exa-
men attentif suivi d’une radiographie et
d’une restauration confirma qu’il s’agis-
sait bien d’un objet antérieur au reste du
mobilier collecté.
L’énigmatique fragment corrodé est en
fait une pointe d’épée en fer, encore par-
tiellement logée dans son fourreau de
même matériau. Cet élément s’appa-
rente à des productions très nettement
antérieures auBas-Empire, rejoignant le
corpus désormais étoffé des armes du
second âge du Fer.
Les populations celtiques sont effecti-
vement les seules à réaliser les fourreaux
de leurs épées en fer. Cette technologie,
très avancée pour l’époque, requiert une
grande maîtrise technique : les deux
tôles (avers et revers) présentent en effet
une épaisseur régulière d’un dixième de
millimètre, obtenue par laminage. Elles
sont ensuite assemblées par sertissage
de l’une sur l’autre au moyen de gout-
tières latérales. Une pièce de suspension
fixée au revers de l’étui permet demain-
tenir l’arme au ceinturon tandis que l’ex-
trémité distale est maintenue par une
pièce nommé bouterolle. Renfort et
contrepoids, la bouterolle fait partie des
éléments dont la forme évolue assez
rapidement, permettant ainsi de dater
assez précisément les fourreaux.
Le fragment de
fourreau en fer
restauré.
©ServicearchéologiquedépartementaldesHauts-de-Seine /CG92 /2010
R SEVERINE
R ERNEST RENAN
R PARMENTIER
R FOUCHER LEPELLETIER
ESP DE LAMANUFACTURE
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VersDREUX /DUROCASSIE
VersPARIS /LUTECE
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Mètres
SEPULTURES OBSERVEES EN 1967
Service archéologiquedépartementaldesHauts-de-Seine /CG92 / 2012
©ServicearchéologiquedépartementaldesHauts-de-Seine /CG92 /2010
©D’après lesrelevésdeBernardMadelénat,1967.
Ci-dessus : Localisation
de la nécropole du
Clos-Benoît.
Ci-contre : sépultures
en contenant rigide
périssable (à gauche),
sarcophage et « urne »
en pierre (à droite).
p
« La restauration récente de
ce fragment d’épée apporte un
éclairage nouveau sur la datation
de la nécropole et dès lors sur
les occupations alentour. »
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