Vallée de la Culture n°10 - page 69

69
Le grand siècle de l’horticulture
Quant aux pépinières Croux qui dès la
moitié du XIX
e
siècle occupaient l’actuel
arboretum de la Vallée-aux-Loups, bon
nombre de grands jardiniers de l’époque,
parmi lesquels Albert Kahn, s’appro-
visionnaient chez elles en végétaux
souvent rares. Il suffit de jeter un coup
d’œil aux catalogues de l’établissement,
qui présentaient des milliers de variétés
d’arbres fruitiers, de rosiers, de rhodo-
dendrons, d’arbres exotiques destinés à
des arboretums ou aux parties boisées
des parcs, pour avoir un aperçu de la
richesse et de la variété de la production
horticole du siècle.
p
Ces pépinières, de renommée interna-
tionale, n’étaient qu’un maillon d’un
réseau d’établissements horticoles d’un
secteur entier qui incluait Fontenay-aux-
Roses, Bourg-la-Reine et l’Haÿ-les-Roses,
dont il ne reste plus aucune trace et que
le paysagiste Édouard André avait qua-
lifié, en 1884, de « terre promise de l’hor-
ticulture française ». Cela peut, à juste
titre, nous laisser rêveurs, surtout lorsque
nous comparons ces vieux catalogues,
agrémentés de gravures et de dessins
fleuris, aux catalogues de notre époque.
Qu’est-ce qui poussait les jardiniers du
XIX
e
siècle à acquérir plusieurs variétés
d’arbres fruitiers, par exemple, ou à les
Les plus belles roses furent pour l’impératrice
Joséphine mais il fut un temps, pas si lointain, où
exista dans les Hauts-de-Seine une
« terre promise
de l’horticulture française »
, du côté de Fontenay-
aux-Roses.
conduire selon des formes palissées très
élaborées, parfois extravagantes ? Quel
plaisir tiraient-ils de la présence, dans
leurs jardins, d’un si grand nombre
d’arbustes, tous similaires mais chacun
doté de caractéristiques propres : un
feuillage panaché, un port pleureur, une
écorce aux couleurs rares ?Àune époque,
la nôtre, qui a fini par seméfier de l’exo-
tisme et où l’on ne jure plus que par
les plantes indigènes ou spontanées,
certains jardiniers regrettent que nous
ayons laissé derrière nous cette passion
pour la diversité horticole qui a tant
enrichi l’art des jardins au fil des siècles.
Le colloque de laVallée-aux-Loups s’an-
nonce ainsi riche en échanges et en
découvertes. Il sera l’occasion d’évoquer
les artistes jardiniers français et euro-
péens mais aussi les paysagistes et les
grandes dynasties de pépiniéristes, les
expériences d’acclimatation de plantes
provenant des Amériques ou d’Orient,
l’apparition des premiers jardins « sau-
vages », ancêtres de nos jardins écolo-
giques.
n
La nouvelle rose créée
pour le centenaire de la
mort de l'impératrice
Joséphine au Domaine
national du château de
Malmaison.
©RMN-GrandPalais (muséedeschâteauxdeMalmaisonetdeBois-Préau) /FranckRaux
Colloque « Le XIX
e
siècle :
l’attitude romantique face au
jardin »
. Maison de
Chateaubriand. Domaine
départemental de la Vallée-
aux-Loups. Châtenay-Malabry.
Programme sur le site
haut-de-seine.net.
Pour tout renseignement :
Actes du colloque L’Héritage
d’André Le Nôtre
, conseil
général des Hauts-de-Seine,
2014. En vente 15 € dans les
boutiques des trois musées
départementaux et
par correspondance à
Joséphine impératrice
, de
Bernard Chevallier,
conservateur général honoraire
du patrimoine et ancien
directeur du musée de
Malmaison, avec les
photographies de Marc Walter.
Un superbe album de 216 pages
à lire, pour le
« portrait intime
d’une femme étonnamment
moderne »
, et à contempler.
Édit. Du Chêne. 35 €.
1...,59,60,61,62,63,64,65,66,67,68 70,71,72,73,74,75,76,77,78,79,...124
Powered by FlippingBook