JOSÉpHINE
DES ROSES POUR
lA MAlMAISON
mémoire vive
Grands domaines
M
almaison la hantait depuis
qu’elle en avait aperçu les toits, en septembre 1793, alors
que l’été touchait à sa fin et qu’elle était venue s’installer
à Croissy, sur l’autre rive de la Seine. Comment n’eût-elle
pas été séduite par le spectacle des ombres s’allongeant
au soleil couchant sur les versants des coteaux boisés qui
plongent dans le fleuve? Il faut du recul pour mesurer
l’inégalable beauté de ce site qui se déroule comme une
sorte d’immense toile panoramique. (...)
En 1798, à son retour d’Italie, Napoléon que ses victoires
militaires avait enrichi, fut saisi d'une frénésie d’acqui-
sitions foncières. Il parlait de placer son or dans une
campagne quelconque, de préférence dans la proximité
de Paris. Entre les propriétés que les familles ruinées par
la Révolution étaient contraintes de brader et les biens
nationaux qui n’avaient toujours pas trouvé preneurs, les
bonnes affaires ne manquaient pas. Joséphine insista
pour lui présenter le domaine qu’elle avait en vue à Rueil.
Il n’entrait, malheureusement, dans aucune de ces caté-
gories. Malmaison appartenait, en effet, à un richissime
banquier parisien, Jean-Jacques Le Couteulx du Molay.
Celui-ci avait beaucoup investi dans son embellissement
et n’entendait pas le céder à vil prix. La négociation fut
âpre entre les deux épouses qui conclurent finalement
l’achat le 21 avril 1799. (...).
Elle naquit Rose, Napoléon la fit Joséphine. La Malmaison fut sa demeure,
Rueil le lieu de ses funérailles et de son tombeau. C’était il y a deux siècles.
Le château-musée célèbre l’Impératrice. Évocation du « jardin d’une femme
sensible » qui en fit une « fabrique de rêves ».
Par Christophe Pincemaille
Commissaire de l’exposition
Joséphine, la passion des fleurs et des oiseaux
Portrait de
l'impératrice Joséphine
par Auguste Garneray,
1813. Aquarelle sur
ivoire. Paris, coll. part.
Tulipes et roses
par
Pierre-Joseph Redouté,
1802-1804.
Aquarelle sur vélin,
48,8 x 35,7 cm.
© Collection of R.Lambert. Mellon Oak spring garden Library, Upperville - Visuel presse 2014