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Théodore Géricault
(1791-1824),
Cheval
,
18,8 x 24,9 cm.
Exposition
De Rubens à
Delacroix, 100 dessins du
musée des Beaux-Arts
d’Angers
, au Petit Château,
jusqu’au 29 juin 2014.
© Musées d’Angers, photo P. David
Parallèlement à cette véritable programmation culturelle,
des interventions permirent aux bâtiments de retrouver
à la fois un aspect et un usage à la mesure de leur lustre
originel : restauration de l’orangerie et modernisation
de ses espaces techniques (1988-1989) ; restitution, dans
le château, des décors tels qu’ils avaient été voulus au
XIX
e
siècle par le duc deTrévise (1992-1994) ; restauration
dupavillonde l’Aurore et de la prestigieuse coupole peinte
par Charles Le Brun à le demande de Colbert (1993-2000)
; réhabilitation des anciennes écuries en espaces d’expo-
sition, multimédia et boutique (2006). La restauration
devenue impérative de la toiture du château (2012 ;
45 000 ardoises !) permit d’y réintégrer des ornements
qui avaient disparu et, depuis le printemps 2014, des
bustes d’empereurs romains animent à nouveau la façade
du bâtiment. Du côté des dépendances, la cour de la
ferme est désormais rendue au public et un grand
restaurant, Le Trévise, y ouvre ses portes.
Ancienne galerie d’art de Colbert de Seignelay, l’oran-
gerie est actuellement en restauration et retrouvera en
2015, avec la réintroduction de son lambris de bois et ses
lustres, une part de son élégance d’autrefois. Quant au
Petit Château, réintégré en 2010 dans le giron dumusée,
il accueille aujourd’hui des expositions sur les arts
graphiques, dont celle consacrée à Ingres (2012) estrestée
dans les mémoires. Entre 2015 et 2016, des travaux de
réhabilitation du bâtiment vont notamment doubler la
surface du plateau d’exposition.
Cette longue reconquête des espaces s’estaccompagnée,
depuis quelques années, de manifestations parmi
lesquelles on retiendra l’exposition consacrée à Marie-
Caroline, duchesse de Berry (2007) ou celle évoquant,
l’année passée, le prestigieux Salon de 1704.
Et comme en point d’orgue, des acquisitions vinrent
couronner cette ère nouvelle en réintroduisant, à Sceaux,
les anciens propriétaires du domaine historique,
jusqu’alors peu représentés dans les collections : achat
de
La Leçon d’astronomie de la duchesse du Maine
de
François de Troy (1988) ; d’une commode en laque de
Coromandel de Bernard II van Risamburgh (2005) ou du
Festin de Didon et Enée
, dumême François deTroy (2008),
tous objets de grand prestige ayant autrefois meublé et
décoré le château. Il nemanquait plus qu’ungeste symbo-
lique fort, qui contribuât à retrouver l’unité perdue entre
le parc et le château. L’année Le Nôtre en fut l’occasion,
en 2013, et la restitution des parterres de broderies de
buis, côté ouest, acheva de sortir Sceaux dumalentendu
opposant « espaces verts » et «musée », tel que le vivaient
encore, de leur aveu même, les usagers du site.
Une troisième phase de reconquête s’est ainsi ouverte :
celle qui va permettre de comprendre, autant qu’il est
possible, en quoi, pourquoi et comment ce lieu fut
naguère voué à la beauté et à l’intelligence.
À SAVOIR
EN DATES
1670 : Jean-Baptiste Colbert fait l’acquisition du domaine
de Sceaux
et y fait construire un somptueux château
environné de dépendances ; André Le Nôtre est chargé
du tracé des jardins. En 1685, le marquis de Seignelay, fils
du grand Colbert, donne une fête mémorable en
l’honneur de Louis XIV.
1700 : le domaine de Sceaux devient la propriété du duc
et de la duchesse du Maine.
Lui est fils de Louis XIV et de
Madame de Montespan ; elle petite-fille du Grand Condé.
Elle y donnera en 1714-1715 ses fameuses Grandes Nuits.
1793 : le domaine de Sceaux, propriété du duc de
Penthièvre, devient bien national
et est vendu, en 1798, à
Jean-François Hippolyte Lecomte, qui démantèle le
château avant d’en raser la structure, vers 1802-1803.
1856-1862 : construction du nouveau château par le duc
et la duchesse de Trévise.
1923 : le département de la Seine acquiert le domaine de
Sceaux.
1937 : ouverture au public du musée de l’Île-de-France,
installé dans le château.
1970 : le domaine de Sceaux devient propriété du conseil
général des Hauts-de-Seine.
1993-2000 : restauration du pavillon de l’Aurore.
1999 : 3 000 arbres sont déracinés par la tempête.
2013 : restitution des parterres de broderies de buis
au
pied de la façade ouest du château.
2014. Dernière exposition en date,
De Rubens à
Delacroix
.
Le Domaine départemental s’affirme comme
un haut lieu de la culture classique.