Exposition
1704 - Le Salon,
les Arts et le Roi
,
2013, aux Écuries du
Domaine de Sceaux.
mémoire vive
Grands domaines
© CG92/Olivier Ravoire
remontée à l’autre bout du domaine (1930-1931) et
l’ensemble du site fut inauguré, le 23 juillet 1935, par le
président de la République, Albert Lebrun ; dès 1928, le
projet s’était fait jour de créer unmusée dans le château,
et celui-ci – nommé « musée de l’Île-de-France » à la
suggestion (selon l’historien Georges Poisson) de Jean
Longuet, petit-fils de Karl Marx, devenu maire de
Chatenay – ouvrit ses portes au public le 6 juin 1937.
Dans l’histoire moderne du parc de Sceaux et de ses
bâtiments, l’entre-deux-guerres apparaît ainsi comme
une période d’appropriation rapide du domaine privé par
le public :moins de quinze ans pour venir à bout de diffi-
cultés juridiques, financières et techniques très com-
plexes ; moins de quinze ans pour rendre au lieu un peu
de sa majesté perdue ; mais moins de quinze ans pour
réveiller seulement la belle endormie…
Car cet élagage (et un peu plus) ne pouvait suffire à
redonner une identité forte à l’ancienne propriété du
grand Colbert. Il fallait désormais reconquérir le temps
à mesure que l’on continuerait à ordonner l’espace. Le
musée joua ici un rôle déterminant et les conservateurs
prirent le pas sur les jardiniers. Propriété du département
de la Seine, le domaine était alors placé sous l’autorité
directe de son préfet qui, conformément à ses attribu-
tions, exerçait plus une fonctionde contrôle sur la gestion
de l’établissement, qu’il ne donnait l’impulsion de son
orientation scientifique et plus généralement identitaire.
Lorsque le département desHauts-de-Seine, créé en 1964,
prit possession du domaine et des collections dumusée
(respectivement en 1970 et 1971), il revint au préfet de la
nouvelle entité territoriale de poursuivre cette mission.
Ainsi, lesTrenteGlorieuses furent des années de thésau-
risation culturelle quasi passive avec, pour cadre, un parc
habilement rafraîchi avant guerre et, pour centre de
gravité, unmusée-château empli de grands trésors et de
petites brocantes concourant à l’illustration, plus qu’à la
définition –via des expositions nombreuses centrées sur
des sujets locaux – d’une supposée culture francilienne.
La loi de décentralisationde 1982 allait offrir l’opportunité
au domaine de Sceaux de passer de l’autorité du préfet
des Hauts-de-Seine à celle, directe, des élus du conseil
général. Le site allait ainsi pouvoir faire évoluer sonstatut
premier de conservatoire – le réflexe avait été logique
après le geste inaugural de réappropriation – vers celui
de lieu d’une culture en acte. De ce point de vue, la
création du Festival de l’Orangerie par Alfred
Loewenguth, au début de l’été 1969, avait été le signe
avant-coureur et prometteur de cette évolution néces-
saire. Et ce rendez-vous estival, par sa longévité (2014
en sera la 45
e
édition et le cadre de son 1 500
e
concert !),
est devenu l’un des symboles forts de l’activité du
domaine, pour ne pas dire l’une de ses enseignes. D’autres
expériences musicales, peut-être plus hasardeuses dans
leur adéquation au lieu, ont marqué les mémoires, tels
les concerts en plein air du groupe Supertramp (1983), de
Madonna (1987, 130 000 spectateurs !) ou de Johnny
Hallyday (2000). Et depuis maintenant quatorze ans,
Opéra en plein air
réunit devant le château, à la mi-juin,
les amateurs de
bel canto
. Plus récemment en 2011, Les
Petites Nuits de Sceaux
sont créées.
À voir :
Jusqu’au 29 juin 2014 :
De Rubens à Delacroix,
100 dessins du musée des
Beaux-Arts d’Angers
. Au
Petit château et au Château.
(Voir notre numéro 8 –
hiver 2014)
Du 12 septembre au 14
décembre 2014 au Petit
château et au Château :
Jean
Fautrier (1898-1964) – La
pulsion du trait
. Œuvres
graphiques issues des
collections du musée.
Hommage donné à
l’occasion du cinquantième
anniversaire de la mort du
pionnier de l’Art informel qui
vécut à l’Île Verte, maison de
grand charme appartenant
actuellement au Domaine
départemental de la Vallée-
aux-Loups.
Domaine-de-sceaux.
hauts-de-seine.net