L’ESPRIT DES JaRDInS
Neuilly-sur-Seine
peude choses à voir avecdes jardins créés
pour des princes du sang à proximité de
la capitale tels que la Folie deChartres ou
Bagatelle. L’imitation fidèle de la nature
yestmoins remarquableque l’accumula-
tion des fabriques : un pont chinois peut
voisiner avec une tour gothique, une
ruine et une tente turque. La Folie Saint-
James est de cette veine, elle en est peut
être l’exemple le plus abouti.
Claude Baudard de Sainte-James (1738-
1787) est Trésorier de la Marine, charge
transmisepar sonpère.Hommed’affaires
extrêmement avisé, il sait prendre des
risques enaffaires etestsensibleaux inno-
vations techniques de son temps, ce qui
va lui permettredebâtir en trente ans une
fortune considérable.
Après avoir hérité de la manufacture de
toile à voile et des manufactures royales
d’armes de Charleville, il devient en 1771
Trésorier général des colonies d’Amé-
rique. La charge supprimée unmois plus
tard lui vaudra à titre de dédommage-
ment de recevoir la somme considérable
de 660 000 livres qui lui sert à financer
unepartiedes 1 200000 livresnécessaires
à l’acquisitionde la charge nouvellement
créée de Trésorier général de la Marine
et des Colonies. Il a des intérêts dans
plusieurs entreprises de fournituresmili-
taires, dans l’armementbordelais, acquiert
des parts dans les mines de Baïgorry et
finance pour une grande part la Compa-
gniedes eauxdes frères Périer dontil sera
l’undes administrateurs. ClaudeBaudard
deSainte-James prendra encoredes parts
ouparticipera à la fondationdeplus d’une
douzained’affaires en lienavec la fonderie
etla fourniturede laMarine. Parmi celles-
ci l’une est la fonderie de Montcenis,
autrement dit Le Creusot.
En 1783, les revenus de Sainte-James sont
estimés àdeuxmillions de livres par anet
son ascension se poursuivra encore dans
les années suivantes. Il lui restait à satis-
faire son goût du luxe.
bélanger, architecte et inspecteur
des menus plaisirs
Àpartirdudomaineditdela«Chambre»,
acheté en 1772, Baudard de Sainte-James
va constituer un ensemble qui atteint 23
hectares en1778. C’està cettedatequ’il fait
appel à François-Joseph Bélanger, archi-
©CD92/ArchivesdépartementalesdesHauts-de-Seine
Le château a été construit
dans le parc aménagé
au XVIII
e
siècle par
l’architecte paysagiste
François-Joseph Bélanger.