Vallée de la Culture n°10 - page 107

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© CG92/Olivier Ravoire
traCés Historiques
Ces architectures du sol
Si l’on veut vraiment comprendre le sens des grands tracés baroques, il vaut mieux commencer par faire un tour du côté
de la piazza del Popolo à Rome ou, un peu moins loin, de méditer encore et encore sur le spectacle offert à Versailles, le dos
au centre du château, vers la grande perspective. En s’aidant de quelques écrits d’historiens sur la Contre-Réforme d’une
part et sur le passage du monde clos d’Aristote et de Ptolémée à l’univers infini de Galilée d’autre part, on comprendra
alors que Versailles n’est pas l’expression d’un despote mégalomane, mais l’inscription sur le territoire de sa révélation par
les mathématiques. On ne voit plus alors Louis XIV dans une solitude pleine de morgue, mais un quatuor formé certes par
un monarque qui a inscrit l’absolutisme dans la terre, mais aussi un jardinier, Le Nôtre, et deux ministres, Colbert et puis
Vauban, lequel étendra ce maillage territorial jusqu’aux frontières du royaume.
Pourquoi ces « vieilleries » nous parlent-elles encore ? C’est qu’elles mettent en spectacle, en un seul coup d’œil, la perfection
d’un tracé géométrique (qui présente cependant quelques irrégularités), avec une nature qui à cette échelle, contrairement
à celle des parterres, semble en accord total avec une architecture de l’univers et avec l’architecture tout court des bâtiments
qui suivent eux aussi les lois de la perspective. L’effet est ainsi très différent de ceux produits par les villes totalitaires telles
que Métropolis, qui jouent essentiellement sur l’écrasement et la répétition.
Allée menant au parc de Sceaux. / Les Terrasses, dans l’axe de la Grande Arche, vues du toit de la préfecture, Nanterre.
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