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cher en temps perdu, en complications bureaucratiques,
en manque d’emplois et en perte d’identité. Dans les
préfe ures – Paris, Versailles – l’engorgement virait à
l’asphyxie. Il fallait réagir. Et quand on sait que l’implan-
tation d’une préfe ure génère des milliers d’emplois,
attire commerces, services publics, bureaux, banques,
universités… l’hésitation n’était plus de saison.
Sur les « routes du Pouvoir »
et du développement industriel
L’enjeu pour les aménageurs étaitmaintenant de « bien
découper » afinde « couronner »Paris, avec pour obje if
de créer des entités de population équivalentes variant
autour du million d’habitants (en 1968, le « 92 » compte
1 459 000 habitants, aujourd’hui 1 600 000). D’où les trois
départements de la petite couronne, à la superficie
restreinte, et ceux, plus vastes, de la grande couronne. Le
choix de la ville préfe ure, gage de développement,
devenait capital. Pour lesHauts-de-Seine, ce futNanterre:
proximité de La Défense et d’une gare, disponibilité de
terrains, position centrale, paysage à remodeler (les bidon-
villes !), et qui sait, souvenir des origines très anciennes
de la ville, emportèrent la décision.
Le « 92 » était donc né des dépouilles de la Seine et de
la Seine-et-Oise. L’appellation«Hauts-de-Seine » respec-
tant aumoins le souci naturaliste »de l’Assemblée consti-
tuante créant les départements le 22 décembre 1789. Les
Hauts-de-Seine évoquent le fleuve, son grandméandre
surplombé de coteaux (de Puteaux à Issy, en passant par
Suresnes, Saint-Cloud, Sèvres et Meudon.)
Oreille occidentale de Paris, lesHauts-de-Seine peuvent
être également considérés, en dépit de leur création
« artificielle », comme le fruit d’une double réalité histo-
rique. D’une part, celle du développement des grands
domaines du sud-ouest de Paris sur les principales
« routes du Pouvoir » : chemins de Paris à Saint-Germain
et àVersailles. D’autre part, celle dudéveloppement indus-
triel, sur les berges du fleuve, aux XIX
e
et XX
e
siècles, et
d’unbout à l’autre du territoire, d’Issyet Boulogne jusqu’au
droit de l’île de Chatou.
LesHauts-de-Seine ont aujourd’hui cinquante ans. Il aura
fallu attendre 1967 pour que son assemblée d’élus se
réunisse pour la première fois, 1973 pour que la tour de
la Préfe ure s’érige, et 1986, pour que l’Hôtel du dépar-
tement arbore pavillon, après les lois de décentralisation
qui donnèrent de vrais pouvoirs aux conseils généraux.
Et pourtant, certains croient encore que les Hauts-de-
Seine existent depuis la plus haute Antiquité.
Le conseil général desHauts-de-Seine n’a connu que six
présidents depuis sa création :
Pierre Lagravère
(1967-
1970),
Jacques Baumel
(1970-1973 ; 1976-1982),
Paul
Graziani
(1982-1988),
Charles Pasqua
(1973-1976 ; 1988-
2005),
Nicolas Sarkozy
(2005-2008) et
PatrickDevedjian
(2008-…).
Le fleuve et ses collines
avec notamment le Mont
Valérien (notre photo), mais
aussi – et pourquoi pas –
les tours de La Défense,
ont « naturalisé » le nom
de « Hauts-de-Seine ».
Ce nom était possible
puisqu’au contraire de
« Haute-Garonne » ou de
« Haute-Loire »..., il n’existait
plus de département de la
« Haute-Seine », nom
primitivement donné au
département de la Côte-
d’Or, où la Seine prend
sa source.