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Le lustre, présenté dans le salon du
Conseil, le feu de
L'Etude et de La Philo-
sophie
d'après Simon-Louis Boizot, la
paire de vases Médicis de « porcelaine
brune » à ornements dorés de feuilles
et grappes de vigne et le vase basalte
imitant l'antique – ce dernier déjà chez
Joséphine avant son remariage –ont été
identifiés depuis de nombreuses années
par BernardChevallier, ancien directeur
du château de Malmaison. S'y ajoutent
désormais un autre feu à décor de sphinx
et une pendule en forme de pyramide et
aumouvement de Robin.
Un destin mélancolique
Avec le coup d'État, la « petitemaison »,
quittée pour les demeures régaliennes
du Petit Luxembourg puis des Tuileries,
n'est pas, pour autant, abandonnée : elle
devient une discrète maison de famille.
Ainsi Louis etHortense y emménagent-
ils dans les premiers mois de leur ma-
riage. Les cousins Tascher, venus de la
lointaine Martinique, jouissent de ce
havre de paix comme pied à terre pari-
sien. Durant ces années,Napoléonentre-
tient la demeure en y faisant passer
l'architecte Fontaine et veille à l'agran-
dissement du jardin.
Cependant le 1
er
juillet 1806, il la donne
à l'un de ses fidèles aides de camp du
temps du Consulat, bientôt général de
brigade et premier écuyer de Jérôme,
bienqu'il ait assuré quelques années plus
tôt qu'il ne s'en séparerait à aucun prix.
Le jeune homme, d'une famille implan-
tée dans lesmilieux d'affaires du Premier
Empire, a épousé Stéphanie Rolier, une
parente de l'Empereur, par sa mère
Marie-Lavinia Benielli. Tout le mobi-
lier de Napoléon et Joséphine quitte la
demeure.
À la chute de l'Empire, la condamna-
tion à mort par contumace du général
Lefebvre-Desnoëttes qui avait repris les
armes sous les Cent Jours, entraîne, pour
éviter le séquestre, une cession tempo-
raire à un ami de la famille. Réfugié aux
États-Unis, Charles Lefebvre-Desnoëttes
meurt tragiquement en 1822 dans un
naufrage au large des côtes d'Irlande,
alors qu'il revenait en France. Dès lors
la maison, louée d'abord au général
Bertrand, suit le destin d'un immeuble
de rapport non occupé par ses proprié-
taires. Elle est incorporée, notamment
son élégant jardin, au complexe des
Néothermes de la rue de la Victoire,
avant de devenir à partir de 1845 une
pension de garçons, l'institution Boutet.
La dégradationprogressive de ses décors
et la construction de bâtiments annexes
pour les besoins de la pension la déna-
turent progressivement. L'heure de
l'abandon approche : vendu à l'agent de
change Joseph Goubie, spéculateur
immobilier, l'hôtel est démoli en 1857
au moment du percement de la rue de
Châteaudun ( n°s 49 et 51).
C'est par leurs réalisations proches de la
rue de la Victoire, les maisons de l'ex-
marquis de Chauvelin et du citoyen
Gaudin, que les deux architectes déco-
rateurs Percier et Fontaine attirent
l'attention de Joséphine. Ainsi sont-ils
bientôt appelés pour le chantier de
Malmaison acheté en avril 1799.Maintes
formules architecturales ou décoratives
expérimentées rue de la Victoire se
retrouvent àMalmaison.
Table de lit formant
nécessaire et écritoire au
chiffre de Joséphine
Bonaparte, vers 1798 - 1801.
Martin-Guillaume Biennais
(1764 - 1843)
Marie-Joseph-Gabriel Genu
(vers 1763 - 1810).
Acajou, bois teinté façon
ébène, sycomore, étain,
argent, argent doré, bronze
doré, verre, maroquin.
H. 25 cm ; l. 72 cm ; pr. 44 cm.
Musée national des châteaux
de Malmaison et Bois-Préau
Guéridon provenant de la rue
de la Victoire, vers 1798.
Attribué à Jacob Frères
Georges II Jacob (1768 - 1803)
et François-Honoré-Georges
Jacob (1770 - 1841).
Acajou, bronze doré, marbre
bleu turquin.
H. 77 cm; d. 81cm
Musée national des châteaux
de Malmaison et Bois-Préau
©RMN-GrandPalais (muséedeschâteauxdeMalmaison
etdeBois-Préau) /GérardBlot
©RMN-GrandPalais (muséedeschâteauxdeMalmaison
etdeBois-Préau) /GérardBlot