histoire
Rueil-Malmaison
instructions que Joséphine donne en
septembre 1797 à l'architecte décorateur
Vautier ; ainsi le décor, déjà raffiné, est-
il transformé au goût du jour et la de-
meure devient-elle l'une des adresses les
plus à la mode de la capitale. La liste du
mobilier établi en 1806 aumoment de sa
répartition entre le palais des Tuileries,
le château de Rambouillet et le Garde-
Meuble a permis, depuis plusieurs
années et dans le cadre de l'exposition,
d'identifier meubles et objets d'art qui
témoignent du raffinement de l'ameu-
blement.
Parmi les fournisseurs figure la maison
Jacob Frères qui livre, fin 1797, un ensem-
ble prestigieux de deux meubles en
acajou, ébène et citronnier – commode
et secrétaire –, complété par un troi-
sième, une armoire en forme de secré-
taire. Ils sont conservés à Munich dans
les collections Wittelsbach, mais le
Mobilier national a prêté pour l'exposi-
tion deux équivalents commandés en
1799 pour Cambacérès, deuxième consul.
Identifié dans le cadre de l'exposition, le
tête-à-tête d'acajou à supports d'accotoirs
en forme de sphinges ailées témoigne,
par la pureté de ses lignes, du raffine-
ment du mobilier à incrustations. Ce
petit canapé – seul subsistant sur les
quatre d'origine –et les deux chaises qui
l'accompagnent constituaient lemeuble
du salon, couvert de casimir bleu. L'iden-
tification de la seule travée de biblio-
thèque parvenue à nous permet désor-
mais de proposer une restitution du
cabinet de travail de Bonaparte. À une
date inconnue ont été livrés un secré-
taire en forme d'arc de triomphe et son
pendant, transformé par la suite en com-
mode; le dessin de leurs bronzes – de
majestueux griffons ailés dans un décor
de rinceaux – est attribué à Percier et
Fontaine. À l’actif des deux architectes
décorateurs doivent aussi être inscrits le
guéridon au piétement d'acajou et de
grands enroulements de bronze doré, de
goût arabesque, puisqu'il figure dans leur
publication,
Recueil de décorations inté-
rieures
ou le dessin des balustres de la
console d'acajou.
de deux niveaux sur un sous-sol semi-
enterré ; la belle élévation du rez-de-
chaussée surélevé parle d'un lieu propice
aux réceptions. Le plan massé se com-
pose de deux avant-corps à pans coupés
et à ressauts reliés entre eux par un corps
de deux travées. Le puissant entablement
mouluré et les portes à fronton et à
consoles sculptées de feuilles d’acanthe
sont de qualité. À l’intérieur, la distribu-
tion, élémentaire, de pièces communi-
quant entre elles, plaît à Joséphine ; elle
s’organise autour du grand salon cen-
tral, traversant, ouvrant par deux portes-
fenêtres de chaque côté sur un perron
d'où l'on gagne par quelques marches
l'agréable jardin. Chaque avant-corps est
occupé par une pièce aménagée, dans sa
partie est, en pans ou en hémicycle ; la
partie ouest est, elle, réservée aux esca-
liers et aux dégagements. Chaque niveau
compte trois pièces principales.
Une des adresses les plus courues
de la capitale
« Je désire que ma maison soit meublée
dans la dernière élégance »
: telles sont les
Feu en deux parties
provenant de la rue de la
Victoire d’après Simon-
Louis Boizot :
L’Étude et La Philosophie,
fin XVIII
e
siècle.
Bronze patiné et doré,
H. 33 cm ; l. 37 cm ;
pr. 12,5 cm.
Musée national des châteaux
de Malmaison et Bois-Préau
Vase de forme Médicis
provenant de la rue de la
Victoire, vers 1797.
Porcelaine dure à fond
écaille et à décor
d’ornements dorés dont
une large bande de feuilles
et grappes de vigne.
H. 35 cm.
Musée national des châteaux
de Malmaison et Bois-Préau,
dépôt du musée national du
château de Fontainebleau
©RMN-GrandPalais (muséedeschâteauxdeMalmaison
etdeBois-Préau) /GérardBlot
©RMN-GrandPalais /FranckRaux