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ISSY-les-
moulineaux
Contemporains
DRÔLE DE CÈNE À LA CITY
TripleA
estune photographie qui joue sur le vocable et sur
lecontenude la
Cène
, par analogieavec laplus célèbre, celle
du tableau de Léonard de Vinci dont la symbolique était
lepartagedupain,corpsduChrist,lorsdesondernierrepas.
À l’opposé, Becker-Echivardmet en « scène » une
Cène
…
bien contemporaine, celle la finance ! Douze poissons au
costumedegoldenboyde laCity, entourentleur dieuetse
font les apôtres des analyses financières qu’ils brandis-
senttriomphalement.Bienloind’unrepasquipartage,cette
Cène
évoque directement la volonté de possession, une
dénonciation cinglante du pouvoir de l’argent.
Dans l’œuvre de la plasticienne et photographe Anne-
Catherine Becker-Echivard, le poisson symbolise l’huma-
nité. Cette jeune artiste, à la fois auteur, metteur en scène,
actrice, costumière et photographe de plateau, illustre par
son travail plastique les grands débats contemporains des
dix dernières années (dangers de l’industrie agroalimen-
taire, sans-abris, pollution…). Becker-Echivard place dans
ses décors et ses mises en scènes extrêmement détaillées
de véritables poissons frais, achetés au marché, morts, et
lesphotographie. Les scènes sontlittéralementsurréalistes,
drôles… et terrifiantes. Ensuite l’artiste cuisine les pois-
sons :
«C’estle recyclageparfaitde l’art! »
.ÀlaBiennaled’Issy,
cet univers « crazy » en dit long sur le nôtre… car nous
sommes ce que nousmangeons !
Anne-Catherine Becker-Echivard,
Triple A
, 1/01,
photographie, (tirage fujiflex sous diasec, 0// x 1// cm)
OBJET SCIENTIFIQUE DE COMBAT
« Le projet « BioVSOgm» utilise un lot de pommes françaises pour ques-
tionner l’évolutiondes produitsalimentaires quenous consommonsàgrande
échelle. La pratique de la scarification de la peau du fruit modifie leur pro-
cessus de vieillissement et me permet d’analyser et comparer d’un point de
vue quasi scientifique les différences dans l’avancement de la putréfaction
d’unvégétal.Mais scarifier n’estpas seulementunacte scientifique, c’estaussi
une prise de position combattante : cela renvoie aux pratiques des tatouages
tribaux des peuples océaniens (lesMaoris), aux pratiques de scarifications et
mutilations sociales enAfrique (Les Moose au Ghana ou autres ethnies du
BurkinaFaso par exemple). De fait, le fruit dans «BioVSOgm» estabordé
comme la carte d’identité du corps dans de nombreuses cultures : il devient
le support d’un dessin, d’une affirmation, d’un combat. »
José Man Lius,
vidéaste
José Man Lius,
Bio versus Ogm
, 1/02, vidéo 03/5 . pommes
© Anne-Catherine Becker-Echivard
© José Man Lius