Revue Vallée de la Culture n°8 - page 58

eak
Hauts-de-Seine
e monde change et tout
lemonde le sait. Pour preuve,
l’information culturelle du
jour, ence jeudi 19 septembre,
était l’annonce des 800 millions de
dollars générés en une seule journée par
la sortie de
GTA V
, le jeu video.
Grand
Theft Auto V
, des studios américains
Rockstar, devrait se vendre à 25 millions
d'exemplaires, tout comme son prédé-
cesseur,
GTA IV
, sorti en avril 2008 et
entré dans le Livre des records en tant
que « meilleur démarrage d'un produit
culturel ».
L’actualité donnait le ton. Et très vite, si
besoin était, nos deux intervenants met-
taient les choses au point enparlantGAFA
(Google-Amazon-Facebook-Apple) et
BRICS (Brésil-Russie-Inde-Chine-Afrique
du Sud). Car aujourd’hui la géographie de
la culture est planétaire. Et pub, mangas,
design, jeux vidéo, ne peuvent plus être
exclusdupérimètreculturel.
L
Mondialisation et productions
nationales
Frédéric Martel se présente comme un
« chercheur qui voyage »
. Il a mené, il est
vrai, une enquête dans une cinquantaine
de pays. Ce qui a donné sondernier livre
Mainstream, enquête sur la guerre globale
de la culture et des médias
. Il n’a pu que
constater la mondialisation et le bascu-
lement numérique présents partout, y
compris là où on ne les attend pas. Il
raconte comment à deux pas de la place
Khomeiny à Téhéran les jeunes regar-
dent les jeux vidéos américains.
« Le
mainstream, le courant dominant est amé-
ricain. Qui peut rivaliser avec les États-Unis,
leurs jeux vidéo, leurs blockbusters ? »
, ces
productions exceptionnelles tant sur le
plan financier, humain que matériel.
Mais si la culture s’est globalisée, ce n’est
qu’en partie car
« la majorité du culturel
consommé est national »
,même si cela est
dû à des adaptations de formats mon-
diaux. Lamusique, le plus gros « produit
LA CULTURE
SES ETATS
culturel », n’est pas lamême enArgentine
ou au Brésil, et il ne faut surtout pas con-
fondre la pop coréenne et la japonaise.
Demême, pour laTV, le respect de codes
nationaux est souvent un impératif pour
le succès. Et c’est encore plus vrai pour les
livres.
« La diversité appartient à l’idéologie
de la mondialisation et elle est même la
matrice de la culture. »
La mondialisation
ne se traduirait donc pas forcément en
uniformisation.
Lors du débat avec la salle, Patrick
Devedjian souligne que la mondiali-
sation a favorisé l’émergence d’une
culture mondiale mais que l’Europe,
« forte de sa longue et parfois tragique
histoire ne doit pas cesser d’exprimer le suc,
la quintessence, la singularité de sa culture »,
et d’ajouter
« de toutes façons, l’art n’a pas
de frontières. »
FrédéricMartel n’a puque constater éga-
lement le flux intense de produits émis
par les pays émergents. Le numérique
Autour du thème « La culture au service de la société »,
partage d’expérience avec Olivier Meyer, créateur du festival
Suresnes cités danse
, et Chantal Mainguené, fondatrice du
réseauMôm’artre (lire leurs entretiens). Mais aussi état des
lieux des nouvelles pratiques culturelles avec deux
observateurs avertis, David Fajolles et Frédéric Martel.
ENTRETIENS ALBERT-KAHN
DANS TOUS
LES INTERVENANTS
David Fajolles
est chargé de
mission auprès du secrétaire
général du ministère de la
Culture et de la
Communication. Cet ancien
élève de l’École normale
supérieure et de l’université
de Princeton est également
directeur des études de Pro
Cultura, nouveau
think tank
sur la culture et les médias.
Frédéric Martel
est l’auteur,
entre autres, de
Mainstream,
enquête sur la guerre
globale de la culture et des
médias
(réed. Champs/
Flammarion, 2012) et de
Global Gay
(Gallimard, 2013)
©CG92/OlivierRavoire
Frédéric Martel (au
micro) en compagnie de
Carine Dartiguepeyrou
et David Fajolles.
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