LIEUX
DE CULTE
Dix neuf édifices religieux des Hauts de Seine ont récemment reçu le label
« Patrimoine du XX
e
siècle ». Un label créé par le ministère de la Culture en ECCD
pour attirer l’attention sur la valeur architecturale de ces « repères urbains ».
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LABELLISÉS
« PATRIMOINE DU XX
E
SIÈCLE »
Patrimoine reLiGieux
Hauts-de-Seine
es lieux de culte ne bénéficiaient
auparavant d’aucune protection
au titre des Monuments histo-
riques. Ils s’inscrivent dans une
sélection de soixante quinze édifices,
résultatd’uneétude sur lepatrimoine reli-
gieux du XX
e
siècle de l’ensemble de la
région d’Île-de-France menée par la
Direction Régionale des Affaires Cultu-
relles d’île-de-France. Ce label vise à la
reconnaissance et à la prise en compte
dans les documents d’urbanisme des
édifices représentatifs de l’évolution de
architecture, mais aussi de l’histoire
économique et sociale, permettant la
distinction de lieux modestes comme
prestigieux. Les édifices retenus, particu-
lièrement nombreux dans les Hauts-de-
Seine, constituent des jalons incontesta-
bles de l’histoire de la construction
urbaine et de la présence religieuse dans
la périphérie parisienne.
Le XX
e
siècle s’ouvre par un événement
majeur : la loi de séparation des églises
c
ClaireVignes-Dumas
Chargée d’études
Conservation régionale desMonumentsHistoriques d’Île-de-France
et de l’État du 9 décembre 1905, selon
laquelle la République
« garantit le libre
exercice des cultes »
mais ne
« reconnaît, ne
salarie, ni ne subventionne aucun culte »
. À
partir de cettedate, les instances cultuelles
ont l’entière responsabilité financière de
leurs constructions,mais aussi le choixdu
styleetduprogrammearchitectural. Para-
doxalement peut-être, cette liberté est un
facteur de dynamisme et de créativité.
« Un rôle d’équipement dans un
espace urbain en devenir »
Au cours du XX
e
siècle, le lieu de culte va
s’affirmer comme lieude vie ; il s’enrichit
de logements, de salles de réunion et
d’enseignement, parfois d’undispensaire,
d’une salle des fêtes, comme au temple
protestant de Rueil-Malmaison (1969-
1974). Onpeut alors considérer que le lieu
de culte joue le rôle d’équipement dans
un espace urbain en devenir. En effet, le
XX
e
siècle est celui de l’essor industriel et
démographiquede labanlieue, désormais
desservie par le cheminde fer. L’exemple
leplus ancienestSaint-MauricedeBécon
à Courbevoie construite en 1907 pour le
nouveauquartier de lagaredeBécon, fort
éloignéde l’égliseparoissiale. Leparti pris
de simplicité et la référence à l’art roman
adoptés par l’architecte Jules Barbier
auront une influence déterminante sur
les constructions postérieures.
L’implantationd’une église est souvent le
point de départ de l’urbanisation d’un
quartier et joue le rôle traditionnel de
repèreurbain. Le cas leplus significatif est
celui de Saint-Stanislas des Blagis cons-
truite en 1935 aux confins de trois com-
munes, en zone encore rurale. Dans les
années 1955-1965, l’Église soucieused’être
présente aucœur des récentes résidences
HLM, confie à leurs architectes les nou-
velles réalisations. L’architecture s’inscrit
alorsencontinuitéformelleaveclesbarres
d’immeubles comme à Saint-Jean-Porte-
Latine d’Antony (1967), ou en rupture
délibérée comme à Saint-Bernard de
La campagne de
labellisation « patri-
moine du XX
e
siècle »
pour 75 lieux de culte
en Île-de-France a fait
l’objet d’une publication
dédiée, à savoir
un hors-série de
Beaux-Arts éditions
(164 pages, 12,50 €)
coordonné par Claire
Vignes-Dumas.