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MONTROUGE
Expositions
Pour sa 58
E
édition, qui s’est déroulée du 15 mai au 12 juin,
le Salon d’art contemporain de Montrouge présentait 73 artistes
de la « scène artistique émergente ». Et c’est tout le superbe
bâtiment du Beffroi qui était ainsi livré aux jeunes créateurs.
en s’approchant on devine qu’il estcreux, diffuse un bruit
sourdde ventilation et qu’une incongrue lumière discrète
émane de la grille ménagée à son pied.
Au-delà, c’est tout le bâtiment du Beffroi qui est livré
aux artistes. De part et d’autre du monumental escalier
principal, l’invité d’honneur Théo Mercier à déployé sur
toute lahauteur des étagères où il exposeune vertigineuse
collection de fausses pierres d’aquarium. Parfait symbole
de la marchandisation du monde (pourquoi acheter des
pierres en résine produites à l’autre bout dumonde, alors
qu’on pourrait en ramasser au bord des rivières ou des
chemins ?), cette installationévoqueégalementles anciens
cabinets de curiosité, mais en négatif, puisqu’il ne s’agit
pas ici d’approfondir sa connaissancedumonde réel,mais
celle dumonde artificiel.
Certains des artistes sélectionnés ont également pu,
grâce à des aides aux projets accordées par la ville de
Montrouge avec le soutien du ministère de la culture et
duconseil général desHauts-de-Seine, réaliser desœuvres
d’envergure, qui soulignent certains aspects remarquables
du bâtiment. Ainsi, Nicolas Thiébault-Pikor et Sylvie
Bonnot déploient-ils leur esthétique géométrique à la
limite de l’Art construit ou de l’Op Art dans des propor-
tions majestueuses, jouant avec les sens et les repères du
visiteur.
Grand prix du Salon : Justine Pluvinage (vidéo). Prix du
conseil général : collectif NØNE FUTBOL CLUB. Prix
spécial du jury : Pierre Seinturier (peinture à l’huile).
P
our cette nouvelle édition, la designer
matali crasset a imaginé une scénographie en forme de
jardin à la française. Incitant à une promenade sereine,
les allées symétriquement organisées autour d’un axe
central conduisent parfois à des places très ouvertes
en forme de clairières. Scandée par les arbres schéma-
tiques qui supportent la signalétique et les textes
présentant les artistes sélectionnés, la déambulation est
marquée par unemultitude de points de vue sans cesse
renouvelés.
Artifices du réel
Le contraste n’en est que plus saisissant d’avec une
sélection toujours aussi diverse, mais dominée par la
représentation d’un monde en crise, dans son sens
étymologique de critique.
« Dans le monde réellement
renversé, le vrai est un moment du faux »
, écrivait Guy
Debord dans La Société du spectacle ; au Salon de
Montrouge les artistes du cru 2013 semblent avoir
retenu la leçon. À l’image du véhicule de police retourné
comme un gant du collectif NØNE FUTBOLCLUB, prix
du conseil général des Hauts-de-Seine, de nombreuses
œuvres semblent défier les règles ou les certitudes
établies. Il en va également du piano droit de Jean-
François Schramme qui, transformé en piano à queue
grâce notamment à un passage à l’horizontale, estrendu
inexorablement muet.
Non loin on peut également apercevoir le faux poteau
ajouté par Alexander Duke à la salle Nicole-Ginoux :
Le 14 mai, lors de
l’inauguration : autour
d’Aurore Filippetti,
ministre de la culture,
Patrick Devedjian,
président du conseil
général des
Hauts-de-Seine,
Jean-Loup Metton,
maire de Montrouge
et vice-président
du conseil général,
et Stéphane Corréard,
commissaire du Salon.
LES ÉMOIS
DUBEFFROI
Par Stéphane Corréard
Commissaire artistique
Installation de
Sylvie Bonnot dans le
hall du premier étage.
À l’arrière-plan, la
collection de fausses
pierres d’aquarium de
Théo Mercier, invité
d’honneur du Salon.
© Olivier Ravoire
© Fabrice Gousset
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