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SAINT-CLOUD
Expositions
COSKUN
© CG92/Willy Labre
© Fabrice Robin
© DR
Avec Keith
. 2012.
Technique mixte
sur contreplaqué
Dim. : 87x122
COLOSSAL
l’homme contre les forces obscures s’incarne dans ce
théâtre de sculptures que contes et mythes trans-
cendent.
L’Homme aux deux visages
porte la femme,
Icare
de son bras-flèche indique le ciel, la
Vierge noire
s’enve-
loppe d’un tronc, la
Bête
embrasse et dévore le
Chaperon
rouge
. Des éperons de bois couleur sang sortent des deux
corps enlacés. Coskun, sorcier-sculpteur, déroule son
récit épique…
Il était une fois
. C’est le titre de son expo-
sition au musée des Avelines à Saint-Cloud.
Un puissant écho pictural
Dans les jardins et les collections du musée, le peuple
sculpté a pris place au milieu d’immenses panneaux
peints. « Rodin des bois » a déversé la puissance de sa
sculpture dans la peinture. La couleur vive et la ligne
sûre, voluptueuse, s’associent à la matière. Coskun
poursuit en peinture son dialogue avec le volume. Dessi-
nateur génial, ce réfugié politique turc arrivé en France
en 1980 se fit aussitôt embaucher à LaMonnaie de Paris
sur un simple dessin ! Aujourd’hui, l’artiste emploie le
support carton et les collages comme un palimpseste,
travaille sur plusieurs couches de matière picturale.
Visages et corps jaillissent des harmoniques osées qui
sonnent et résonnent avec ses bois monumentaux et
vivants… Colossal !
Anne Brandebourg
Il était une fois
, musée des Avelines à Saint-Cloud,
jusqu’au 13 juillet.
d
ans son atelier de Boulogne-
Billancourt, les énormes grumes et stères, les poulies,
palans et chaînes, dressent un décor rude que tempère
l’odeur du cèdre du Liban et de bien d’autres essences.
Les pieds dans les copeaux, yeux et oreilles protégés,
Coskun taille le bois à la tronçonneuse, fait surgir les
pulsions obsessionnelles de la chair, celles de la vie et
de lamort. Noirceur, beauté, violence, douceur, passion…
Coskun enlève les vêtements, les faux semblants, montre
la bestialité et la beauté de l’être humain, crûment,
sensuellement. L’œuvre est tout entier dans cette quête
dont l’Homme et la Femme sont l’épicentre.
Le style vibrant, expressif, agit comme une onde de choc,
emporte jusqu’à la démesure, touche à la sauvagerie de
l’être humain mais gagne aussi ses régions les plus
secrètes, conduisant au sentiment d’intimité, à la
douceur de l’amour. Le sculpteur fait parler les forêts et
le bois, empruntant une langue archaïque, celle que
d’autres ont révélé dans la pierre des statues de l’île de
Pâques, une langue qui dit la force et le sentiment des
siècles. L’art pariétal est présent dans ces sculptures et
les références à la civilisation grecque, à l’Égypte, aux
portraits du Fayoum… révèlent le passeur d’Histoire.
Contes et mythes
Coskun forge un récit dans lequel ses personnages
possèdent à la fois une nature humaine et surhumaine
dans un contexte réel et surréel. L’éternel combat de
Ses sculptures monumentales taillées dans
les troncs d’arbre lui ont valu d’être surnommé
« Rodin des bois » ! Depuis trente ans, Coskun
explore avec puissance l’archaïsme, les pulsions
et les mythes qui nous enfantent.
Au premier plan :
Il était une fois
La Belle et la Bête, 2012,
Bois polychrome
(133 x 70 x 60 cm)
1...,78-79,80-81,82-83,84-85,86-87,88-89,90-91,92-93,94-95,96-97 100-101,102-103,104-105,106-107,108-109,110-111,112-113,114-115,116-117,118-119,...
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