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idéEs
Nanterre
L’Institut d’Histoire Sociale, après une longue procédure, a remis aux Archives
départementales la bibliothèque « La Souvarine » et son fonds très riche
concernant l’histoire sociale et politique du XX
e
siècle. Entretien avec Florence
Grandsenne, rédactrice en chef de la revue
Histoire & Liberté
.
Hors la gestion de la bibliothèque, quelles
activités a conservé l’IHS ?
L’IHS poursuit son chemin en tant que
centre de réflexion sur les conditions
d’exercice de la démocratie et sur les dangers
de ses adversaires totalitaires.
Notre associationorganise chaque année sur
ces sujets un colloque qui attire une bonne
centaine de personnes, et tous les mois, à
Nanterre, des diners débats qui rassemblent
trente ou quarante personnes intéressées par
la présentation d’un ouvrage récent ou par
l’analyse d’un problème politique ou social.
Et puis, il y a la revue de l’Institut
Histoire &
Liberté
, qui vient de fêter ses vingt ans…
Certes. Notre dernier numéro est un peu à
part : c’était notre 50
e
livraison et cela fait juste
vingt ans que nous paraissons ! Pour ce
numéro spécial, nous avons donc fait, les uns
et les autres, – y compris notre président
Emmanuel Le Roy Ladurie –un bilan de ces
années de travail.
Notre revue sort trois fois l’an, et je peux vous
dire que c’est assez lourd pour notre petite
équipe. Nous lisons les projets d’articles, les
corrigeons, puis nous soumettons les correc-
tions aux auteurs : en général, cela se passe
bien car ils savent que nous faisons notre
possible pour que l’article réponde au thème
dudossier, pour éviter toute obscurité et pour
attirer l’attention du lecteur. Virginie
Hebrard, qui dirige
La Souvarine
, fait une
ultime relecture du numéro et Francine
Noc, retraitée desArchivesDépartemen-
tales, en fait lamise en page.
Le comité de rédaction est composé
d’une dizaine de personnes, avec à sa
tête Pierre Rigoulot. Chacun a sa spé-
cialité : la Russie, l’est de l’Europe, l’Amé-
rique latine, la Chine... Notre prochain
dossier sera consacré à laCorée duNord.
Quel est votre parcours ?
Agrégée d’histoire, j’ai enseigné dans
divers lycées dont le lycée Michelet à
Vanves. Passionnée par l’histoire du
communisme, j’ai repris le chemin de la
faculté pour préparer une thèse que j’ai
soutenue en 1999 sur « Les intellectuels
français et les crises du communisme en
Europe de l’Est ». Ce travail m’a fait
rencontrer l’équipe de l’Institut d’His-
toire sociale et participer à partir de 2002
aux activités des
Cahiers d’histoire sociale
,
devenus
Histoire & Liberté
.
En 2007, je suis nommée rédactrice en
chef. J’aime beaucoup tout ce travail qui
consiste à peaufiner les textes et à leur
donner une certaine unité de ton pour
aboutir à un numéro de revue fluide,
agréable à lire et intéressant.
Quels sont les objectifs d’
Histoire &
Liberté
?
Nous ne prétendons pas faire concur-
rence aux grandsmédias. Nous sommes
une petite revue, diffusée par la maison
d’édition Calmann-Lévy, qui est vendue
au cours de nos activités et diffusée dans
quelques grandes librairies. Nous avons
environ 200 abonnés..
Mais notre voix est entendue, parfois de
façon inattendue : par exemple notre
numéro sur
Le Monde diplomatique
s’est
très bien vendu. Certaines revues d’his-
toire font état de nos publications.
Notre collection figure aussi sur la
«toile». À l’exception des numéros de
l’année en cours, tous nos articles sont
accessibles dans le monde entier sur
notre site. Nous laissons donc une trace,
celle d’un certain regard sur l’histoire et
les combats pour la liberté. Et dans le
cadre de l’histoire contemporaine qui est
notre domaine d’étude, nous privilé-
gions la réflexion sur ces obstacles extrê-
mement dangereux pour l’exercice de la
démocratie qu’ont été ou que sont les
différents totalitarismes : le nazisme, le
communisme, l’islamisme radical.Tous
ont des points communs, mais ils ne se
confondent pas pour autant. Il faut donc
affiner nos analyses, ne pas tomber dans
les simplifications.
Notre intérêt en tant qu’historiens et en
tant que citoyens évolue aussi : à nos
débuts, nous étions surtout désireux de
comprendre les soixante-dix ans de
communisme soviétique. Aujourd’hui, il
nous semble que le totalitarisme s’est
diversifié, qu’il peut prendre des formes
étatiques (ou non ), religieuses (ou non).
Et dans tous les cas, cela suppose des
discussions, des lectures – dont nous
rendons compte dans la revue – et des
analyses prudentes. Nous ne sommes
pas une revue de combatmais une revue
de réflexion critique : c’est notremanière
de nous préoccuper de tout ce qui
manifeste dans l’histoire un recul des
libertés ou unemenace contre elles.
Propos recueillis par Hervé Colombet
www souvarine.fr
HISTOIRE LIBERTÉ
vinGt ans d’analysEs sur lE totalitarismE
&
Florence Grandsenne
©CG92/Jean-LucDolmaire
©CG92/Jean-LucDolmaire
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