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PatrimoinE
Hauts-de-Seine
l’EPAD. La création du département
des Hauts-de-Seine est l’occasion de
compléter, dès novembre 1964, le projet
de Cité de la culture par les programmes
de la préfecture des Hauts-de-Seine et
de la cité administrative, celle-ci devant
rassembler les différents services exté-
rieurs de l'État, ainsi qu’un palais de
justice.
De Le Corbusier à Wogenscky
Le Corbusier, architecte en chef de cette
mission, ainsi que ses collaborateurs
André Wogenscky et Jean Dubuisson,
trouvent le terrain choisi totalement
inadapté. Si Le Corbusier était d'emblée
séduit par le projet de Cité de la culture,
produisantmême plusieurs croquis, il se
désintéresse vite de celui de la préfecture
et de la cité administrative : dans une
note de décembre 1965, il écrit :
« Doré-
navant, tout courrier concernant la préfec-
ture sera envoyé directement à Wogenscky
(qui en est le responsable) »
. Le Corbusier
meurt le 25 août 1965, André Malraux
confie aussitôt l'ensemble du projet
culturel et administratif àWogenscky.
À l'été 1965, il est confirmé que la Cité de
la culture et la préfecture des Hauts-de-
Seine seront construites comme prévu à
Nanterre. La parcelle réservée pour l'édi-
fication des bâtiments des institutions
de l'État est néanmoins très contrainte :
de forme triangulaire, coupée par l'ave-
nue Joliot-Curie et bordée par le haut
remblai de la future A14 (dont le tracé
définitif utilisera en fait un tunnel).
André Wogenscky estime que sur les
huit hectares de la parcelle, seuls trois
sont réellement utilisables. Il faut donc
construire en hauteur, afin d'obtenir les
28 000 m² nécessaires définis par le
ministère de l'Intérieur.
Le 28 décembre 1965, le plan masse du
projet d'ensemble (préfecture et cité des
arts) reçoit un avis favorable du conseil
général des bâtiments de France. Le
projet est très impressionnant : le cœur
du dispositif est le musée du XX
e
siècle,
relié directement à la sortie du RER. Au
sud-est, les quatre écoles d'art sont distri-
buées autour d'une place. De l'autre côté
du musée, une passerelle enjambe
l'avenue Joliot-Curie, longe le palais de
justice et ouvre sur l'esplanade de la
préfecture. L'ensemble des édifices et
passerelles sont construits sur pilotis, le
niveau du sol naturel étant réservé à la
circulation automobile, aux parkings et
aux espaces verts. La préfecture et la cité
administrative sont composées d'une
part d'une plateforme de trois niveaux
regroupant halls, espaces d'accueil,
restaurant et appartements, la couverture
de cette plateforme étant une esplanade
piétonne reliée aux terrasses des autres
bâtiments ; et d'autre part d'une tour
dédiée aux bureaux ouvrant tous sur la
lumière naturelle.
L'année 1966 est consacrée aux études sur
l'ensemble administratif et le palais de
justice. Il est vrai que le temps presse :
l'échéance, fixée par la loi de 1964, est
ferme, les nouveaux départements
devront « fonctionner » le 1
er
janvier 1968
au plus tard ! Le 1
er
décembre 1966, la
section spéciale des bâtiments civils du
conseil général des bâtiments de France
donne un avis très favorable au projet de
préfecture des Hauts-de-Seine soumis
par André Wogenscky : les travaux
peuvent commencer.
1967 : DÉBUT DE LA CONSTRUCTION
Le 1
er
juillet 1967, les travaux de construc-
tion de la préfecture débutent. Mais dès
le 4 septembre 1967, s'ouvre undeuxième
chantier, celui de l'autre préfecture
« semi-provisoire ». Situé à proximité
immédiate du chantier principal, de
l'autre côté du boulevard Soufflot, le long
de l'avenue Joliot-Curie, ce bâtiment de
quatre étages, lui aussi réalisé par André
Wogenscky, est construit en un temps
record : le 12mars 1968, une note indique
que
« Monsieur le Préfet des Hauts-de-
Seine et ses services sontmaintenant instal-
lés dans le bâtiment réalisé, en attente de la
construction de la préfecture définitive »
. Ce
premier succès incite à l'optimisme : la
livraison de la préfecture est évoquée
pour juin 1969, puis janvier 1970. Il n'en
sera malheureusement rien, la préfec-
ture provisoire accueillera le préfet
jusqu'enmai 1972...
En effet, si les travaux de terrassement
ont bien commencé à l’été 1967, les
débuts du chantier s'avèrent particuliè-
rement chaotiques. Ainsi, le terrain
choisi est de très mauvaise qualité (près
de 200 000 m
3
de gravas doivent être
retirés, dont un vieux camion !), et il est
situé sur des carrières dont certaines
doivent être remblayées. De plus, les
lenteurs administratives retardent les
attributions des marchés de gros œuvre
(sept mois de procédure). Enfin, des
malfaçons sont décelées parmi les puits
de fondations (sur les 143 puits examinés,
seulement 7 sont déclarés bons), causant
un retard de 110 jours supplémentaires.
Dans ce contexte, les relations entre l'ar-
chitecte, AndréWogenscky, et le préfet,
Claude Boitel, deviennent tendues. Et
ce n'est que fin 1969, deux ans après le
début des travaux, que la plateforme et
la tour préfectorale commencent à sortir
de terre.
ACHÈVEMENT ET… INACHÈVEMENTS
Lors d'une visite du chantier le 26 octo-
bre 1970, les conseillers généraux
peuvent découvrir la plateforme quasi-
ment achevée, dont la salle destinée à
accueillir les séances du conseil général,
ainsi que la tour comptant déjà neuf
niveaux. Le grosœuvre est terminé à l'été
1971, avec la construction du 26
e
niveau
(niveau technique). C'est à ce moment
qu'est décidée l'implantationdes bureaux
Un «musée du XX
e
siècle » et quatre
écoles d'art avaient été programmées.
La construction est décidée en ELIH,
elle s’achèvera en ELJF.
du préfet et du secrétaire général au
24
e
étage, et non au 4
e
comme précédem-
ment envisagé. De nouvelles entreprises
prennent le relais afin de réaliser les
aménagements intérieurs, mais égale-
ment extérieurs, comme les espaces
verts. Le 17 décembre 1971, les installa-
tions électriques sont fonctionnelles, le
10 janvier 1972, le chauffage est mis en
route. Les services intègrent les locaux
entre le 8mai et le 4 juillet 1972, ainsi que
le nouveau préfet Pierre Hosteing,
Claude Boitel ayant été appelé à d'autres
fonctions fin 1971.
La préfecture des Hauts-de-Seine est
inaugurée le 31 janvier 1973, en présence
de Raymond Marcellin, ministre de
l'Intérieur; le premier ministre Pierre
Messmer, souffrant, s'étant décom-
mandé.
Du vaste projet voulu parAndréMalraux,
la préfecture et le palais de justice seront
les seuls éléments à voir le jour, et
malheureusement sous une forme ne
correspondant pas à l'idée originelle de
l'architecte. Ainsi, l'abandon du projet de
passerelle partant de la terrasse de la
plateforme et enjambant l'avenue Joliot-
Curie en direction du RER, provoque le
déplacement de l'entrée du public au
niveau du sol, niveau théoriquement
réservé à la circulation automobile. De
ce fait, l'ensemble des circulations
internes et la lisibilité même du projet
d'André Wogenscky s'en trouvent
profondément bouleversées.
Quant au musée du XX
e
siècle, le
nouveau Président de la République,
Georges Pompidou, décide dès 1969 de
l'édifier à Paris. Le site choisi est le
plateau Beaubourg…
Sources :
Béatrice Hérold et Patrick Chamouard,
chapitre « Créer une préfecture » dans
La préfecture des Hauts-de-Seine : André
Wogenscky, une architecture des années
1970
, Somogy, Paris, 2006.
Archives départementales desHauts-de-
Seine : fonds photographiques 36 W et
28 Fi.
ANDRÉ
WOGENSCKY
Né en 1916, il est un disciple et
collaborateur direct de Le Corbusier.
Parmi ses nombreuses réalisations :
la Maison de la culture de Grenoble
(1967), l'université des Arts de
Takarazuka au Japon (1986-2002)
ou encore sa propre maison-agence
de Saint Rémy-les-Chevreuse
(1952). Grand Prix d’architecture en
1989, membre de l’Académie des
Beaux-Arts en 1998, André
Wogenscky est décédé en 2004.
Le restaurant
administratif.
1972.
©ArchivesdépartementalesdesHauts-de-Seine
©ArchivesdépartementalesdesHauts-de-Seine
©ArchivesdépartementalesdesHauts-de-Seine
Vue extérieure.
Décembre 1972.
Espace d'accueil, près
de la salle des séances
du conseil général,
actuellement salle
Chateaubriand.
1...,50-51,52-53,54-55,56-57,58-59,60-61,62-63,64-65,66-67,68-69 72-73,74-75,76-77,78-79,80-81,82-83,84-85,86-87,88-89,90-91,...
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