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Tout commence autour de 1869, à la «MaisonFournaise»
sur l’île deChatou, en face de Rueil-Malmaison, ainsi qu’à
« la Grenouillère », le café flottant amarré à l’île voisine
de la Chaussée, à Croissy-sur-Seine. Renoir entraîne
Monet sur les deux sites qu’il affectionne, là où il
composera, en 1880-81, chez le Père Fournaise,
LeDéjeuner
des Canotiers
. Une atmosphère bucolique, joyeuse, règne
sur les bords du fleuve avec les baignades – celle de la
Grenouillère est la seulemixte – le canotage, les régates,
les guinguettes et leurs bals à la lumière des feux d’artifice
et des lampions…
En 1874, à contre-pied de l’académisme ambiant et du
Salon officiel, la première exposition de ces jeunes
artistes, dans les locaux du photographe Nadar, fait
scandale. Lancé comme un affront en écho au tableau de
Monet,
Impression, soleil Levant
, 1872, le terme « impres-
sionniste » fédère ces peintres et fera leur fortune ! Entre
1874 et 1886, sept autres expositions se tiendront,
soutenues par lemarchand d’art Paul Durand-Ruel grâce
auquel, avant 1890,Monet, Sisley, Renoir…rencontreront
le succès auprès des collectionneurs américains.
Avec les Impressionnistes, une époque s’achève, l’atmo-
sphère champêtre des bords de Seine s’efface pour laisser
place à l’essor industriel. À l’arrière des plans d’eau, les
peintres montrent la présence d’usines, la fumée des
cheminées, la vapeur des locomotives. En 1885, depuis
les berges duPetit-Gennevilliers, GustaveCaillebottemet
en valeur l’architecturemétallique du Pont d’Argenteuil
qui enjambe le fleuve scintillant. C’est alors qu’un jeune
peintre, Georges Seurat, invente le néo-impressionnisme
et compose en 1884-85, avec la science de sa touche
divisionniste, un gigantesque tableau qualifié de
« pointilliste », décrivant la nouvelle société conquérante
qui flâne
Un dimanche après-midi à l’Île de la Grande Jatte
,
au bord de la Seine.
n
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