Vallée de la Culture n°10 - page 62

L’esprit des jardins
Châtenay-Malabry
l’occasion du colloque interna-
tional sur « L’héritage d’André
Le Nôtre », paysagistes, jardi-
niers, historiens des jardins,
propriétaires de parcs « à la française »
et amateurs du patrimoine historique
s’étaient réunis pour partager leur vision
de l’œuvre de LeNôtre et des probléma-
tiques liées à l’entretienetà la valorisation
des parcs classiques du XVII
e
siècle.
L’objectif de ces rencontres pluridiscipli-
naires était de dépasser les clivages qui
séparent, souvent, les historiens des
techniciens, les jardiniers des gestion-
naires, les partisans des « restitutions à
l’identique » de ceux pour qui un parc
historique doit pouvoir accueillir en son
seindes créations contemporaines…Un
jardin est avant tout un lieud’échange où
des savoirs, des idéaux, des visions esthé-
tiques et des besoins parfois divergents
peuvent se rencontrer et s’harmoniser.
C’est en s’appuyant sur cette expérience
et en suivant cettemême démarche que
le nouveau colloque international réu-
nira des professionnels du paysage qui
exploreront ensemble un moment de
l’histoire des jardins qui, jusque-là, a été
très peu étudié en France : le XIX
e
siècle.
collections botaniques et jardins
d’artistes
Le territoire des Hauts-de-Seine pré-
sente des exemples particulièrement
intéressants de ce que l’art du paysage a
pu produire au cours de ce siècle. Si au
parc de laVallée-aux-Loups, à Châtenay-
Malabry, et plus particulièrement dans
le lieu où Chateaubriand s’installe en
1807, on assiste à la naissance du jardin
que l’on qualifiera de « romantique », le
site que le banquier Albert Kahn amé-
à
De tels jardins deviennent pour leurs
jardiniers des poèmes, des compositions
sentimentales capables de raconter
les vicissitudes d’une vie entière.
Chateaubriand plantant
un cèdre, par Marty.
©CollectionSociétéChateaubriand -Adagp,Paris2014
Page ci-contre :
Le cèdre du Liban
planté par
Chateaubriand
dans le parc de
la Vallée-aux-Loups.
nage, dès 1895, à Boulogne-Billancourt
constitue une synthèse de cet art du
paysage et les prémices des recherches
esthétiques, paysagères et philoso-
phiques nouvelles qui seront poursuivies
au siècle suivant.
Le colloque de la Vallée-aux-Loups
s’articule autour de deux grandes théma-
tiques qui ont marqué en profondeur
l’art des jardins auXIX
e
siècle : d’une part,
le goût pour l’horticulture et les collec-
tions botaniques, qui trouvera en France
un terrain particulièrement fertile, et
d’autre part l’apparition de jardins où des
artistes et des écrivains ont choisi de
s’isoler pour se consacrer à la fois à leur
œuvre et au jardinage. Ces deux axes ont
été, en quelque sorte, « dictés » par le
lieu des rencontres et par son histoire.
Car si le parc deChateaubriand constitue
l’un des premiers exemples de jardin
d’artistes, avec celui deGoethe àWeimar,
l’arboretum de la Vallée-aux-Loups est
un haut lieu de l’histoire horticole
française.
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