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Dans lemerveilleux texte qu’il a écrit pour le livre
Aix-en-
Provence
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, Fernand Pouillon décrit la nature du dialogue
de l’architecture et de l’urbanisme avec l’humain, et com-
bien le climat d’une ville estredevable des rapports et des
proportions qui la composent. Les principes de compo-
sitionde la ville d’Aix qu’ilmet en évidence ont puissam-
ment alimenté son inspirationenmatièrede composition
urbaine, et quelques-uns d’entre eux ne manquent pas
de venir à l’esprit pour la Résidence du Parc deMeudon-
la-Forêt. Le concours des arbres, des jardins et de l’eau à
la réussite de l’ensemble, le grand axe planté d’arbres d’ali-
gnement, l’architecture à la régularité absolue de tracé (à
Aix le quartier Saint-Jean-de-Malte) balancée par l’agré-
ment de jardins intérieurs et de places, par l’alternance
de rues étroites et de façades et cours ensoleillées. Dans
ce texte Fernand Pouillon décrit comment l’agrément de
la ville vient de son équilibre, et non de la dimension de
ses composants, des impressions qu’elle produit sur nous,
impressions dégagées par les proportions et les volumes,
et que l’œuvre architecturale est étrangère à toute me-
sure (hors celle engendrée par la taille humaine) et toute
dimension. On ne saurait parler mieux de la Résidence
du Parc, de sa démesure et de son univers poétique.
Décor grandiose et sensations intimes
La Résidence du Parc à Meudon se distingue des autres
réalisations de Fernand Pouillon par le fait que le point
d’orgue de la composition n’est pas comme ailleurs un
élément haut, le plus souvent une tour, mais qu’il est ici
à l’inverse représenté par deux constructions très basses
par rapport aux autres, invisibles l’une depuis l’autre. Ce
sont les deux centres commerciaux dont l’identité est
habilement renforcée par un pastiche d’architecture
médiévale de relais ancien de diligences ou de vieux
moulin, contrepoints absolus à la modernité épurée de
l’ensemble de la Résidence, ancrage historique offert à
l’imaginaire des habitants d’un lieu sans histoire, qui situe
artificiellement l’origine du lieudans le temps, la conforte
par des immeubles en mur plein de pierre de taille à
l’architecture classique et banale similaire à celle enusage
en région parisienne dans les deux derniers siècles
; des
immeubles de quatre étages mais dont la façade donne
l’apparence d’immeubles de trois étages plus un autre
qui joue visuellement le rôle d’étage sous comble, grâce
à une large corniche qui fait office de balcon étroit à la
Hausmann. Ainsi, toujours dans l’imaginaire, est assu-
rée la continuité historique. Ces immeubles ponctuent
tout l’espace de la Résidence et sont, sauf une exception,
toujours accolés aux gigantesques immeubles en verre
et piles de pierre de onze niveaux. Et pourtant leur ap-
parence n’est pas écrasée, bien au contraire.
Et comment se fait-il donc que l’unité visuelle de ces
architectures si différentes soit possible ? Comment ces
architectures peuvent-elles cohabiter si harmonieuse-
ment et dégager à la fois des visions fulgurantes d’un
Selon Fernand
Pouillon, l’agrément
de la ville vient de son
équilibre, et non de
la dimension de ses
composants.
« La Résidence du Parc est la partie
de Meudon-la-Forêt qui a été conçue
et réalisée par Fernand Pouillon
»
© CG92/Olivier Ravoire