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antoine Le Pautre puis à JulesHardouin-mansart le soin
d’agrandissements et d’embellissements nombreux ;
il donna à Pierre mignard l’occasion de peindre une
grande galerie digne de rivaliser avec celle de Versailles
décorée par Le Brun, et à Le nôtre un parc immense à
lamesure de son talent. Louis xiV en fut impressionné…
La cité
contre les domaines
au
xViii
e
siècle, les cochers avaient donc déjà pris depuis
longtemps l’habitude de pousser leurs attelages sur les
hauteurs du bord de Seine et ce lieu de villégiature,
très convoité, avait ainsi trouvé sa véritable identité.
entre meudon et Saint-cloud, le bien nommé château
deBellevue, œuvre commune de LouisxVet demadame
de Pompadour, fut très tôt considéré – et à bon droit –
comme l’un des creusets de l’esprit curieux et universa-
liste des Lumières. S’affranchissant des fastes de
Versailles, le roi avait aussi fait reconstruire selon son
goût le châteaude lamuette, à l’orée du bois deBoulogne,
ancienne propriété de marguerite de Valois, puis de
Philippe d’orléans, régent de France. Les grands du
royaume n’étaient pas en reste et l’on pouvait encore voir,
sur les pentes d’issy, le château des princes de conti, et
plus au nord ceux du marquis de Voyer d’argenson à
asnières ; ducomtedeVoyerd’argenson, filsduprécédent,
© RMN (Château de Versailles) / Gérard Blot
Vue du château-Vieux
de Meudon, prise du
côté de l'entrée vers
=B>>, avec au
premier plan, l'arrivée
du duc d'Orléans,
régent du royaume.
Huile sur toile par
Pierre-Denis Martin,
=B>?.
Dim. : =,?B x =,@< m.
Musée national du
château de Versailles.
àneuilly ; du duc de richelieu à Gennevilliers ou du duc
de choiseul à clichy…
Pendant plus de trois siècles, tout ce beau monde riva-
lisa d’élégance et de raffinement sur un territoire voué
à l’art de vivre en Île-de-France : le choix judicieux des
sites, les belles inventions d’architecture, la parfaite
ordonnance des jardins, le souci de l’excellence en toute
chose firent peu à peu de ce méandre le centre de gra-
vité du grand goût français considéré dans son rapport
avec l’état de nature
: il y avait là une donnée supplé-
mentaire par rapport à ce qui se pouvait faire entre les
murs de Paris. Puis l’histoire suivit son cours, en
l’occurrence celui de la Seine qui se mit à charrier des
ambitions nouvelles venues de la cité
: la chute de la
monarchie, l’industrialisation, l’urbanisation et très
généralement l’âpre spéculation, consacrant le triomphe
demarchands animés d’une étrange volonté de partage
dans la revanche, firent tomber un à un les symboles de
la cultured’ancienrégime.Leschâteauxfurentdémantelés
et les domaines allotis. Le goût bourgeois put alors
s’exprimer librement à travers la construction de mai-
sons cossues néo-gothiques, néo-renaissantes, néo-
classiques et autres, arborant avec ostentation les bribes
incohérentes de répertoires décoratifs douloureusement
mêlés. La guerre de 1870 et une incurie paradoxalement
consensuelle firent le reste.
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