S
i le château d'Asnières est le seul des
châteaux de la Seine à être parvenu jusqu'à nous à peu
près entier, c'est qu'il a eu de la chance, ou plutôt trois
chances dont n'ont pas bénéficié ses illustres congénères
disparus. Première chance : son constructeur et premier
propriétaire, Marc-René, marquis de Voyer puis comte
d'Argenson, fils du secrétaire à la guerre de Louis xV,
a la bonne idée d'être à court d'argent et de le vendre
en 1769 à un riche bourgeois. Certes, il emporte avec lui
l'incomparable collection de peinture flamande et
hollandaise qu'il y avait accrochée - et qu'il ne tardera
pas à disperser -mais la propriété n'est plus noble et cela
lui permettra de traverser sans dommage la tourmente
révolutionnaire, à part une aile en équerre sacrifiée au
goût de la symétrie.
asnières-
sur-seine
ledernier
rescapé
Jean de Saint-Blanquat
Deuxième chance : le château tombe au milieu du
xix
e
siècle entre lesmains d'un politique local qui a l'idée d'en
faireun lieudeplaisir, un«casino»où l'onpeutse restaurer
sous ces dorures Louis-xV avant d'aller danser dans
le parc. Sous le Second Empire, alors que la fièvre
des lotissements emporte une deuxième vague de
châteaux, Asnières est l'endroit où il faut être, où il faut
s'amuser. Troisième et dernière chance : au début de la
iii
e
République et alors que l'État fait raser Saint-Cloud,
le château d'Asnières devient une école catholique pour
jeunes filles (parmi celles-ci une certaineYvonneVendroux
qui épousera en 1921 le futur général de Gaulle). Le
bâtiment traverse ainsi sans encombre le terrible
xx
e
siècle jusqu'à sa vente en 1975 au conseil général puis à
la mairie d'Asnières en 1992.
À la fin du
xx
e
siècle, on ne détruit plus les châteaux.
La ville engage, avec l'aide du conseil général et de
l'État, une restauration prudente et de longue haleine qui
rend peu à peu tout son lustre à la résidence dumarquis
amateur d'art.
n
Le château
aujourd’hui
À droite :
le salon ovale
© CG82/Jean-Luc Dolmaire
© CG82/Jean-Luc Dolmaire
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