Document
Inédit
D906
Tentative d’épuisement
Par Jean-François Rauzier
L
a route qui relie le Petit Clamart à
la porte de Châtillon, la D906, est une des nombreuses
départementales urbaines qui relient la banlieue sud à
la capitale. Un conglomérat urbain que l’on traverse sans
regarder autre chose que le pare-choc de la voiture qui
nous précède, un « non-lieu », une parenthèse dans la
journée. Quel regard peut-on porter à cette zone de tran-
sition ?Hideuse ? Pas vraiment…À bien l’observer, cette
confusion anarchique d’éléments disparates rassemblés
au fil du temps se révèle fascinante. Devant unemaison
enmeulière qui fut belle en son temps, sous une chaise en
plastique rouge, unemoquette verte s’étale sur ce qui reste
du trottoir pour conduire à un
chicken-up
, comme l’in-
dique lepâlenéonrosedesonenseigne.D’un jardincoquet
jaillit un pylône. Au-dessus, la ligne à haute tension suit
constamment la route. Des hangars de tôles rouillées et
de béton noirci. Peu à peu, au travers de ses détails, tous
ces éléments de vie juxtaposés révèlent la poésie du lieu :
petits mots scotchés sur les boîtes aux lettres, avertisse-
ments devant les portes des garages, enseignes bariolées,
fils électriques bricolés. Derrière une haie de troènes,
unpetitmoulinen faux granit trône aucentred’un jardinet
