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© David Coulon
se retrouver avec des tours stupides, comme quatre
briquets aumilieu de l’île. Il faut garder cette vision liée
aux différents horizons et degrés de rupture, comme le
fait aussi Michel Desvigne qui a travaillé à partir des
fosses issues de la galerie des machines. J’ai donc prévu
deux esplanades aux débouchés des ponts et un grand
jardin couvert par une serre, qui est une évocation de
l’histoire de l’île, voiremême une « citation industrielle »
puisqu’il s’agit de grands plateaux posés sur des ponts
roulants supportant des panneaux solaires. Ainsi le
jardinestprotégé, il bénéficiede gains thermiques l’hiver
et la nuit, ainsi que d’une végétation très ouverte et non
poussiéreuse. Deux ou trois autres niveaux sont prévus
d’où l’on découvre des horizons très proches, comme
les coteaux, et puis tout Paris. En résumé, trois ou quatre
niveaux de lecture de la Seine et de sa vallée font de ce
site un lieu d’observation unique…
Desmétaphores s’y croisent, l’usine, le château, le bateau,
la relation de la géographie de l’île à ses origines, et cette
notion de petite ville dans la ville, à l’image de l’île de
la Cité ou de l’île Saint-Louis. C’est le croisement de
toutes ces activités à différentes heures qui attirera du
monde. Car le programme culturel est fondamental.
Un pôle musical développé par le Département des
Hauts-de-Seine offrira des spectacles très variés, mobi-
lisateurs de grand public avec des composantes tech-
niques, des lieux de création et de répétition, des lieux
pédagogiques. Le pôle art plastique et visuel qui devrait
associer un centre d’art contemporain privé, des
collections publiques et un ensemble extraordinaire
destiné à accueillir des galeries d’art et de design viendra
équilibrer le pôle musical. Il y a également une ambi-
tion numérique forte, à travers la structure du Cube
d’Issy-les-Moulineaux. On voudrait aussi que des salles
de cinéma nous rejoignent et qu’à côté de la fonction
résidentielle importante, des hôtels de différents stan-
ding, des résidences d’étudiants et d’artistes, s’ajoutent
des sièges sociaux d’entreprises culturelles, audiovi-
suelles…Par ailleurs, nous travaillons sur un ensemble
monumental tout à fait original surmonté d’une galerie,
de plus d’une centaine de mètres, au bord de l’eau.
Plusieurs projets sont aussi à l’étude pour créer un hôtel
culturel d’une nouvelle génération.
n
BioGraPHies
jean nouVel
Né en 1945 à Fumel, dans le
Lot-et-Garonne, diplômé de
l’École nationale supérieure des
beaux-arts, il travaille très vite
aux côtés de Paul Virilio et
Claude Parent. Figure
incontournable des grands
projets urbains actuels et de
l’architecture contemporaine,
Jean Nouvel a tissé la capitale
de réalisations culturelles, de
l’Institut du monde arabe à l’Est
pour lequel il a reçu une
Équerre d’argent en 1987, du
Quai Branly au centre, et de l’île
Seguin à l’Ouest. Commandeur
dans l'Ordre des Arts et des
Lettres, Lion d'or de la Biennale
de Venise en 2000, il reçoit
le Prix Pritzker en 2008
notamment pour «
la cohérence,
l'imagination et surtout un
besoin insatiable
d'expérimentations créatives
».
Attaché à l’étude du contexte
dans lequel prendront place ses
créations, il travaille la matière
architecturale et urbaine dans
une poétique de situation.
La Fondation Cartier à Paris,
la tour Agbar à Barcelone,
le complexe aquatique des
Bains des docks au Havre,
la salle symphonique de
Copenhague, sont quelques-
unes de ses grandes
réalisations. Il est également
présent dans des grands projets
culturels nationaux et
internationaux comme le musée
du Louvre à Abu Dhabi, la salle
philharmonique de Paris,
le Musée national du Qatar à
Doha, ou le pavillon 2010 de la
Serpentine Gallery à Londres.
daniel janicot
Daniel Janicot est président
de l’Agence pour la Vallée de la
culture et conseiller d’État.
À la sortie de l’École nationale
d’administration il entre au
Conseil d’État dont il devient
rapidement le secrétaire général
adjoint. Très engagé dans le
domaine culturel, il est nommé
en 1981 vice-président de la
Bibliothèque nationale de
France puis délégué général
de l’Union centrale des arts
décoratifs. Il exerce de 1981
à 1985 la direction générale
du musée des Arts décoratifs,
du musée de l’affiche et de la
publicité, du musée Camondo
et initiera le premier musée
national des Arts de la mode.
Délégué général de l’American
Center à Paris de 1987 à 1990,
il promeut l’architecture
contemporaine en choisissant
Franck Gehry pour la
construction d’un nouveau
bâtiment. En février 1990, il
rejoint l'Unesco comme
conseiller spécial du directeur
général avant de devenir sous-
directeur général. En 1995, il
prend la présidence du conseil
d'administration du Centre
National d'Art Contemporain de
Grenoble, et participe en 1999
au conseil d'administration du
musée du quai Branly à Paris.
Il co-fonde en 2006 le prix
Artcurial du livre d’art
contemporain qu’il préside.
Daniel Janicot est aujourd’hui
missionné par l’État, le conseil
général des Hauts-de-Seine et la
ville de Boulogne-Billancourt
sur le projet de Vallée de la
culture et sur la programmation
culturelle de l’île Seguin.
On pourra retrouver
cet entretien dans le bel
ouvrage de référence,
L’île Seguin demain
,
de la jeune historienne
Anne-Sophie Coppin.
Beaux Arts éditions,
144 pages, 20 €
