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île seguin
Entretien
« Un pôle musical développé par
le Département des Hauts-de-Seine
offrira des spectacles très variés,
mobilisateurs de grand public. »
Aujourd’hui, vous êtes l’un des dix architectes retenus
dans le cadre de la consultation internationale duGrand
Paris : dans quelle mesure la conception urbaine que
vous avez développée pour l’île Seguin reflète-t-elle
votre idée du Grand Paris ?
Ce qui ressort essentiellement des études sur le Grand
Paris, c’est l’importance du lien entre la ville et le système
hydrographique, lefleuve et les affluents de la Seine. C’est
la nécessité d’y implanter des lieux attractifs pour redon-
ner au fleuve sa vocation première de point de rencon-
tre, et inciter à descendre le fleuve pour parcourir la ville.
Cette ambition est reliée à l’idée de transversalité
culturelle et économique dont l’île Seguin est un point
majeur. La stratégie de laVallée de la culture s’appuie sur
cette idée d’inventer la ville de demain post-Kyoto. Pour
cela il faut réintroduire de la végétation, densifier sur
des lieux qui soient bien desservis et s’appuyer sur des
rapports énergétiques avec lesmilieux ambiants. Quand
on cherche à appliquer une stratégie de mutation à
l’échelle d’une métropole, comme nous le souhaitons
pour le Grand Paris, on a besoin de territoires emblé-
matiques prouvant que la ville ne s’arrête pas au péri-
phérique et que le phénomène d’urbanisation mené
autour de la Seine depuis plusieurs siècles trouve son
pendant avec l’île Seguin. Une nouvelle île de la Cité,
connectée au territoire dans une insularité poétique. Et
puis son dessin est extraordinaire, elle a un relief très
particulier, avec un côté qui monte et l’autre très plat,
d’où l’on peut voir à la fois la forêt deMeudon et le parc
de Saint-Cloud. C’est une position tout à fait unique
géographiquement, qui incite à construire quelques
belvédères. Mais cela ne suffit pas, il faut qu’il y ait un
minimum de densité et surtout de vie
!
C’est la position que j’ai défendue dans mon étude
généralefaiteavecJean-MarieDuthilleul,etMichelCantat-
Dupart au sein d’une équipe pluridisciplinaire d’une cen-
taine de personnes.
En tant qu’architecte coordinateur, quels sont les grands
principes de votre projet d’aménagement pour l’île
Seguin ? Recherchez-vous toujours une « poétique de
sensation » pour reprendre vos mots ?
J’ai continué dans ce sens en tant qu’architecte coordi-
nateur, dans un dialogue constructif avec le député-
mairedeBoulogne-Billancourt, Pierre-ChristopheBaguet,
et ses collaborateurs de la SAEM, restant très ferme quant
au souhait d’une île verte, mais comprenant qu’un lien
urbain était indispensable. Nous avons donc élaboré une
proposition urbaine flexible. L’important est de ne pas
Sur l’exacte emprise foncière du défunt projet de la
Fondation Pinault, le Département des Hauts-de-Seine
veut créer une cité musicale comme il n’en existe pas
enFrance,mais comme on en trouve à Rome, Hambourg
ou Londres. Un projet situé sur la pointe aval de l'île, du
côté du pont de Sèvres, avec des salles ouvertes sur la
Seine.
Leprojet estnovateur àdouble titre.D’abord, par l'étendue
et l’éclectisme de sa programmation :musiques classique,
baroque, musiques du monde, récitals de chant, opéras
version concert, rock, jazz, et danse et pourquoi pas de
grands bals populaires… En fait, aucune exclusive, tout
le monde sera servi
! Novateur ensuite, par la complé-
mentarité de ses deux salles, aux jauges modulables.
L'auditorium, véritable bijou acoustique d’environ 800
places, accueillera notamment de jeunes artistes profes-
sionnels reconnus et des masters class avec pour ambi-
tion de rayonner internationalement… La grande
salle de 3 500 m
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, dédiée principalement à la musique
amplifiée, comptera de 2 000 à 5 000 places pour un large
public adepte de concerts sonorisés, de comédies mu-
sicales, de spectacles populaires... Les études estiment
que ces salles accueilleront chaque année plus de 300
spectacles en régime de croisière. Deux salles de répéti-
tion, aux échelles respectives de l'auditoriumet de la scène
de la grande salle, ainsi que des studios et d’enregistre-
ment compléteront l’ensemble.
L’empreintemusicale sera renforcée par l’installation du
Conservatoire à rayonnement régional de Boulogne-
Billancourt ainsi que de laMaîtrise des Hauts-de-Seine,
chœur d’enfants de l’Opéra de Paris, actuellement à l’étroit
au collège Henri-Sellier de Suresnes. À la vitalité de la
jeunesse s’ajoutera ainsi une présence régulière dans la
journée d’une centaine de professeurs et de près de deux
mille élèves.
Mais, cette citémusicale hors norme étendra sa gamme
d’activités à plusieurs cafés-restaurants en bord de Seine
avec musiques thématiques, des commerces de biens
culturels, une galerie-forummodulaire capable d’accueillir
des réunions ou des repas liés à des conventions.
C’est un beau projet encore en cours d’études et de
programmation. Des équipes de spécialistes travaillent
actuellement à sa définition. La décision finale appar-
tiendra l’année prochaine aux élus départementaux.
une cité musicale noVatrice
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