La Maison des locataires,
photomontage du Montrougien
Robert Doisneau, date de !$#". Inédite, elle est exposée à
La Défense. Elle dévoile les recherches récréatives de l’artiste
et imagine un vivre-ensemble.
Pascal Beausse
Responsable des collections photographiques
Centre national des arts plastiques.
Doisneau
rayons X sur La viLLe
©AlainBublex
L
a Maison des locataires
est un photo-
collage assemblant en une seule image un ensemble de
photographies appartenant au corpus de Doisneau. Sur
le pignon d’un immeuble de logements parisien, il in-
sère à l’emplacement des différents logements les images
d’intérieurs domestiques décrivant la vie quotidienne de
familles ou d’individus solitaires. Les murs de la façade
disparaissent et dévoilent l’intimité des habitants. Pour
ces différentes saynètes, il puise dans son répertoire et
l’on peut reconnaître plusieurs de ses photographies bien
connues.
Ce montage photographique appartient à ce que Dois-
neau appelle son
« bricolage technique »
. Ces images réa-
lisées dans l’atelier sont la part expérimentale de son tra-
vail, une forme de récréation photographique. Au
photomontage politique et satirique de JohnHeartfield
répond le photocollage sociologique et poétique deRo-
bert Doisneau. Par cette invention formelle quelque peu
néo-surréaliste, Doisneau invente une vision de la ville
comme passée aux rayons X.
La constru ion de l’image procède d’une forme demise
en abyme, puisque le cadrage fait apparaître un bord de
chevalet dans la partie inférieure et unpande papier peint
près du bord latéral droit. Cette superposition plastique
suggère l’idée d’une maison de poupées. C’était le sujet
de son exposition au musée des Arts décoratifs en 1965.
Doisneau exprime là une enfance de l’art quimarque tout
son travail.
Son empathie pour les sujets de ses images exprime toute
la curiosité bienveillante du photographe pour lesmodes
À NOter
La Maison des locataires
fait partie
de l’exposition
Anticipation d’une ville
qui présente, sur le thème de la ville
du futur, un ensemble d’œuvres
photographiques et vidéo du Centre
national des arts plastiques.
Jusqu’au 42 décembre 3121.
Du lundi au samedi de 21h à 2:h.
Visites guidées sur réservation :
ou 17.91.:1.39.89
Defacto La Gallery. 3, esplanade du
Général de Gaulle. La Défense
eXPOSItION
de vie de ses contemporains. Nul voyeurisme dans cette
image, mais plutôt le dévoilement demodes d’habiter du
Paris d’après-guerre. Il s’agit de représenter la superpo-
sition des vies dans un immeuble d’habitation colle ive.
L’image propose une forme d’analyse de la stru ure de
la société, depuis la concierge devant sa loge au rez-de-
chaussée jusqu’à l’ouvrier fumant au lit sous lamansarde,
rêveur devant ses affiches de pin-up, enpassant par la salle
d’attente dumédecin, le repas familial, la toilette des en-
fants et la complicité de la vieille dame avec ses chien et
chat. C’est le vivre ensemble de la société française qui est
ainsi représenté, dans cette juxtaposition d’intimités qui
s’ignorent.
Avec cette vision singulière de la ville, Robert Doisneau
anticipe la publicité de la vie privée qui marque les ré-
gimes scopiques inventés dans notre époque.
n
Plug-in-city
(Enconstruction3),
d’Alain Bublex.
3111.236,3x236 cm.
La Maison des locataires,
2:73. 51,4 x 3:,9 cm.
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